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Entretien
au coin du Net avec...
Bernard TOP
Guillaume "Loup"
Michel Bonvalet
Bernard Top vous venez de publier aux
editions Delahaye, collection Signe de Piste
un premier roman pour la jeunesse « Le Sentier du Diable »,
avant d’aborder ce sujet parlez nous un peu de vous, de votre parcours
personnel, de votre carrière ?
La vie en bande, dans le Fort de Babylone,
à Flers, et dans les champs
environnants,
le patro du jeudi après-midi et ses colos d'après-guerre,
autant
de raisons
qui m'ont poussé à rejoindre la Meute de la 2ème Croix.
On pourrait
appeler
cela : « l'appel de la nature » ou « la vie en bande
». Pourtant, « le
jeune des
champs » que j'étais, puisque habitant au milieu des champs,
avait son
quota de
plein air en comparaison avec « le jeune des villes » qui recherchait
ce que je
possédais. De cette troupe, le seul nom qui me reste en mémoire
est
celui du
chef de groupe : Martial Vanhoenacker.
Une promesse
Louveteau en 1948, un déménagement en 1949 et me voici Scout
à la
1er Hem.
J'y retrouve cette vie des bois qui m'attire comme un aimant et me
passionne.
Je fais ma promesse scoute en 1950. Une promesse qui, sans m'en
rendre compte,
sera un élément déterminant pour ma carrière
professionnelle, ma
vie d'homme.
« Le Scout est fils de France et bon citoyen » « Le Scout
met son
honneur
à mériter confiance » Des Principes, une Loi qui marquèrent
l`adolescent
que j'étais
alors.
Ne soyez
donc pas surpris que, parallèlement à mon engagement chez les
Scouts,
je devienne
dirigeant au patronage de la paroisse saint Rédempteur de
Roubaix(Abbé
Jean Vandrisse) et que je participe à des colonies de vacances
(Etaples,
Pourville etc..).
Ne le soyez
pas non plus quand l'idée de fonder une Patrouille trotta dans ma
tête.
En 1954, je lance la patrouille Libre de Leers, qui deviendra la 12ème
Roubaix
(Aumônier : Paul Caulier, chef de troupe : François Scalabre.)
A
l'époque,
il y avait dans la troupe un nommé Jean-René Guillermou qui
deviendra
chef de
District de Roubaix.
1954, c'est
aussi l'année de mon entrée dans le monde du travail et la
découverte
des problèmes auxquels les jeunes sont confrontés. Avec l'Abbé
Pierre
Tetelin
(orthographe à vérifier), toujours à la paroisse saint
Rédempteur, c'est
ma participation
à un camp pour jeunes, à la réfection d'un cercle
paroissial et
la création
d'un club de judo.
Mais, en
1957, c'est le service militaire. Dix mois à Haguenau, au CID du
16°Dragons,
dont six mois comme instructeur puis c'est l'Algérie pendant 18
mois. Mes
années de scoutisme m'ayant aguerri, je m'acclimate assez facilement
à
cette nouvelle
vie alors que bon nombre ne savent même pas allumer un feu, cuire
des aliments.
Cependant, mes derniers mois d'armée sont pénibles. Plongé
brutalement
dans une zone dangereuse, les nerfs sont mis à rude épreuve.
Ce
n'est plus
la vie de coureur des bois mais la guerre avec ses mines et ses
roquettes
qui tuent mes camarades d'infortune.
Au retour,
en octobre1959, il faut soigner ce système nerveux malade. Et puis,
il faut
songer à sa carrière professionnelle, à fonder un
foyer. Ce n'est que
dans les
années 1961-62 que je reprends du service et, répondant à
l'appel de
Michel Menu,
je deviens Cadre Vert à la 1er Hem, puis Assistant au chef de
District
de Roubaix. District qui comprenait la 7°, 8° et 10° Roubaix
(J'en
oublie peut-être)
;
Dans les années 1961-1962, c'est mon entrée dans l'enseignement
professionnel.
Je suis
nommé professeur de mécanique à l'Institut Professionnel
Roubaisien, en
section
Lycée. A cette époque, les contrats d'associations viennent
tout juste
de voir
le jour et l'argent fait encore défaut. Il nous faut donc entretenir
un
matériel
vétuste, concevoir les outillages qui manquent. De plus, «
le Scout ne
faisant
rien à moitié » je prépare le concours d'état
en vu d'une
titularisation,
que j'obtiendrai, mais en LEP. Je crois être, en ce qui concerne
le privé,
le premier dans le Nord et le second dans toute la France. Ma vie
associative
est en stand by.
Puis, l'enseignement
privé perçoit les aides, l'argent arrive et permet la
création
de centres de formations. Je citerai, pour l'enseignement technique,
celui de
la montée St Nicolas à Lyon. Participant à ces stages,
je découvre
alors un
cheminement qui sera grand consommateur d'heures de travail. C'est
ainsi que
je ferai naître, à l'IPR, une fabrication sérielle,
fabrication qui
passionnera
les élèves et les verra venir le mercredi après-midi
pour faire
avancer
les choses. Une expérience pédagogique très enrichissante.
Ce n'est que dans les années 70 que je reprendrai du service dans
la vie
associative.
Mes enfants ont grandi et font du sport. Ils s'inscrivent à la
section
de judo de la ville et je deviens secrétaire de ce club. Puis, l'âge
avançant,
ils entrent au collège St Joseph à Wattrelos. Dans ce collège,
un
professeur
d'éducation physique très dynamique amène bon nombre
d'élèves vers la
section
d'athlétisme de l'école et, tout naturellement, mes enfants
font de
l'athlétisme.
Inutile de vous dire que je deviens secrétaire du dit club. Un
jour, celui-ci,
participant à un cross organisé par la FSCF (Fédération
Sportive
et Culturelle
de France) Comité Nord, fédération issue des anciens
patros, me
voici accompagnateur
des athlètes du club qui participent à ces épreuves.
Lors
d'un championnat
fédéral de cross, je découvre une fédération
qui a pour
originalité
de permettre à tout un chacun, quel que soit son niveau, de pouvoir
s'épanouir
dans le sport. C'est le coup de foudre et, en 1981, je deviens le
Président
de la commission d'athlétisme FSCF du Nord et Président de
la
St-Joseph
Wattrelos, section athlétisme.
En 1975, je change d'établissement scolaire et j'entre au Lycée
Industriel et
Commercial
Privé de Tourcoing. J'ai, dans cet établissement, avec l'aide
de
Christian
Vanneste, responsable des sports, un rôle très important :
faire
participer
des élèves aux épreuves de la FSCF mais aussi accompagner
les
sélectionnés
aux différents championnats de l'UGSEL.
L'Abbé
Kinds, directeur adjoint de l'établissement, qui fait partie du
comité
directeur
FSCF du Nord, insiste pour que j'entre dans ce comité. En 1991,
j'en
deviens
le Président. Un bureau situé à LILLE, 6000 licenciés,
de la gymnastique
masculine
et féminine, du basket, de l'athlétisme, du judo, de la danse,
du
twirling,
autant d'activités qu'il faut gérer avec un comité
directeur et une
secrétaire
permanente. Je ferai 3 olympiades. Douze années pendant lesquelles
il
faut se
battre au niveau des finances car, là aussi, l'argent fait défaut.
Au LICP, avec l'aide de Monsieur René Vanbésien, responsable
du L.E.P, je mets
sur pied
une unité pédagogique, réservée aux élèves
de 4ème préparatoire. Il
faut remettre
sur les rails des élèves démotivés, arrivés
là parce qu'on ne sait
plus où
les mettre. C'est une réussite totale. Des mères d'élèves
viennent
trouver
Monsieur Vanbésien pour lui dire : « qu'avez-vous fait à
mon fils, le
matin il
chante dans la salle de bain. » Bon nombre de ces élèves
auront un
parcours
intéressant, certains obtiendront un BTS.
En 1997, c'est la retraite professionnelle. Une retraite bien méritée
après 36
années
dans l'enseignement, 5 années dans l'industrie, 28 mois de service
militaire.
En tout, 43 années.
En 1997,
c'est aussi l'année où je prends conscience que les médias,
lorsqu'ils
parlent de la guerre d'Algérie, ne diffusent que des clichés.
Il faut
faire de
l'audimat et tout est bon à jeter en pâture aux lecteurs et
surtout
téléspectateurs.
Je me lance alors dans l'écriture. Un premier livre, très
modeste,
puisqu'il décrit mon parcours. Chose étrange, de nombreux anciens
combattants
se reconnaissent dans ce parcours et le livre obtient un petit
succès.
C'est ainsi que je retrouverai mes anciens camarades de combat et ce
sont eux
qui m'encourageront à écrire les huit années de campagne
de notre
régiment
: le 6° Cuirassiers. Le livre sortira en 2005.
On m'encouragera
aussi, à devenir le rédacteur et concepteur du bulletin de
liaison
de l'amicale des anciens de ce régiment.
En 2003,
je cède mon poste de président de la FSCF comité Nord
et deviens
simple membre.
C'est en forgeant qu'on devient forgeron, c'est en écrivant qu'on
devient
écrivain.
Je me lance alors dans l'écriture de deux livres. Le 3° sur
la guerre
d'Algérie,
uniquement consacré à la souffrance qu'a engendrée
cette guerre
inutile
et qui s'intitulera : « Algérie, terre de souffrances. »,
et mon roman
scout, qui
dormait depuis quelque temps dans mon cerveau et qui veut expliquer
aux nouvelles
générations comment se déroulait un camp scout, dans
les années
50.
C’est
un résumé de vie très complet et nous vous en remercions,
- A présent
parlons du Sentier du Diable. Pourquoi un roman scout ?
D’ailleurs est ce vraiment un roman ou peut on parler de "roman autobiographique"
voire de récit ?
Vous avez
raison, ce n'est pas tout à fait un roman. Il commence par du récit,
du vécu et glisse vers le roman.
Je dois
vous avouer que c'est mon principal défaut quand j'écris
car j'aime faire connaître au monde entier ce que j'ai aimé,
ce qui a de la valeur à mes yeux.
Quand j'ai
découvert la FSCF ( Fédération Sportive et Culturelle
de France) j'ai tellement été séduit par le projet,
par ce que j'ai vécu au sein de cette fédération, que
je me suis mis à écrire toutes ces émotions. Ce fut un
roman mal fagoté où on y trouvait plus de récits que
d'aventures. Ce livre n'a pas eu un grand succès.
Par contre,
quand je me suis mis à écrire mon parcours en Algérie,
la plume courait toute seule, j'étais dans mon élément.1000
ex ont été vendus. Deux autres livres ont suivi. Le
deuxième s'est bien vendu aussi ( pour un livre à compte d'auteur,
bien entendu) environ 800ex. Pour le troisième, étant paru
peu de temps avant le Sentier du Diable, attendons.
Vous comprenez
pourquoi mon livre sur le scoutisme n'est pas un vrai roman
- Comment
et pourquoi avoir choisi la collection Signe de Piste pour
le publier ?
Je n'ai
pas choisi la collection Signe de Piste c'est elle qui m'a accueilli.
En réalité
je n'avais pas bien pris conscience de l'orientation de ce livre. Je cherchais
surtout une maison d'Éditions qui voulait bien me publier. En étant
franc, j'espère ne pas trop vous décevoir !
Disons que,
là haut, quelqu'un veillait sur moi. Mais, sa main m'a bien guidé
: quel bonheur de faire la connaissance du forum ! Quelle richesse ! Quelle
cure de jouvence en peu de temps !
Merci
beaucoup, c'est ce que nous essayons de créer entre les participants!
Avez vous
été vous même un lecteur de Signe de Piste ?
Je vais
peut-être encore une fois vous décevoir en vous disant
que , dans ma jeunesse, j'ai très peu connu la collection signe de
piste.
Dois-je
vous rappeler, sans faire pleurer dans les chaumières, que, pendant
la guerre 39-44, dans les familles ouvrières on lisait très
peu faute de moyens. Après son travail, le passe-temps de mon père
consistait à faire le tour des fermes pour échanger un peu
de laine contre des oeufs et du beurre. A cette époque, il roulait
avec un vélo sans pneu.
Ensuite,
vers les années 49, je lisais les livres que l'on m'offrait lors de
la distribution des prix. J'ai le souvenir de "Croc blanc" de Jack London,
"Rob-Roy" de W. Scott, "Vipère au point"...
Puis ce
fut les livres du scoutisme : "Étapes" "Premières
épreuves" et pour terminer de nombreux livres techniques
--Quel
est celui qui vous a le plus marqué ? Pourquoi ?
J'aime les
livres où les histoires se passent dans le grand Nord ou au Sahara.
En fait, j'aime l'immensité des territoires
- Est-ce
le début d’une nouvelle carrière d’auteur pour la jeunesse
qui démarre ?
Pourquoi
pas? Je suis un passionné de l'écriture. Néanmoins,
écrire pour la jeunesse n'est pas si facile qu'on le croit. Si j'ai
la chance de pouvoir continuer avec les Editions Delahaye,
il y aura toujours un certain "Alain Gout" qui veillera sur ce que
j'écris et qui n'hésitera pas à me dire ce qui
est bon et ce qui est moins bon.
-Avez-vous
des projets en cours ? Un nouveau roman ? D'autres livres sur l'Algérie,
les lycées professionnels ?
Il y aurait
encore beaucoup à dire sur la guerre d'Algérie mais, trois
livres, j'estime que ça suffit pour moi. Car, à compte d'auteur,
le tout n'est pas d'écrire, mais de vendre ses livres pour espérer
au moins récupérer sa mise et pouvoir investir dans un autre
livre.
Ah ! Si
j'avais écrit :" J'ai torturé" le problème aurait
été différent. Mais voilà, je n'ai pas torturé
ni vu le faire ! D'ailleurs, je n'ai pas vu ce que la télévision
projette, de ce dont les médias nous abreuve. C'est d'ailleurs pour
ça que j'ai écrit.
Quant à
un livre sur les lycées industriels, j'y avais pensé car,
tout au long de ma carrière, j'ai fait des expériences pédagogiques
très enrichissantes. Mais, je ne suis pas Don quichotte et je laisse
les responsables de l'enseignement brasser de l'air. S'ils estiment que
tout va bien, qu'il est normal que beaucoup trop d'élèves
arrivent en 6° sans savoir ni lire ni écrire, que l'enseignement
professionnel se résume à occuper les élèves
avec des ordinateurs ou à constituer des dossiers alors que les entreprises
manquent de main d'œuvre : que dire de plus ?
-Merci
Bernard qu’ajouter à ce grand tour d'horizon…et le scoutisme
aujourd’hui ?
Aujourd'hui,
certains me demandent si je suis encore dans le Scoutisme ? Mais,
chers amis,
de par mon investissement, je ne l'ai jamais quitté ! «
Scout un
jour, scout
toujours. »
C’est
une très belle conclusion à notre entretien, mais si vous le
voulez bien, dans le but d’encore mieux se connaître accepteriez vous
de répondre à ce questionnaire de Proust…par un simple mot
pour chacune des questions ?
Le principal
trait de mon caractère.
Persévérant
La qualité
que je préfère chez un homme.
Amitié
La qualité
que je préfère chez une femme.
Féminité
Ce que
j'apprécie le plus chez mes amis.
la serviabilité
Mon principal
défaut.
l'entêtement
Mon occupation
préférée.
Ecriture
Mon rêve
de bonheur.
Amour
Quel
serait mon plus grand malheur ?
Décès d'un enfant
Ce que
je voudrais être.
Bon
Le pays
où je désirerais vivre.
Marquises
La couleur
que je préfère.
Bleu
La fleur
que j'aime.
Violette
L'oiseau
que je préfère.
Canari
Mes auteurs
favoris en prose.
Victor Hugo
Mes poètes
préférés.
Paul
Fort
Mes compositeurs
préférés.
Ravel
Mes peintres
favoris.
Courbet
Mes héros
dans la vie réelle.
Abbé
Pierre
Mes héroïnes
dans l'histoire.
Mère
Thérésa
Ce que
je déteste par-dessus tout.
Méchanceté
Personnages
historiques que je méprise le plus.
Les dépostes
Le fait
militaire que j'admire le plus.
Dien-Bien-Phu
La réforme
que j'estime le plus.
Contre la
misère
Le don
de la nature que je voudrais avoir.
Musicien
Comment
j'aimerais mourir.
En famille
État
présent de mon esprit.
Combatif
Fautes
qui m'inspirent le plus d'indulgence.
La bêtise
Ma devise.
Debout
Merci Monsieur TOP, racontez
nous encore de belles histoires pour les jeunes...en plongeant dans votre
passé vous ne devez pas manquer de sujets.
©2009
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