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Notre première interview
Roman d’aventures est consacrée à Alain Gout qui présida
à la destinée de la collection Signe de Piste, après
la direction Dalens/Foncine et fut le premier secrétaire de l’association
des Amis de Signe de Piste avant de devenir lui-même Editeur indépendant
(Editions Alain Gout).
(Source:Magazine Hebdo 13-01-84)
Alain, tu as dirigé la collection
Signe de Piste après de prestigieux directeurs et auteurs phares…comment
s’est passé cette succession ?
J’aime bien le terme : « succession », car ça ressemble
assez à ce qu’il s’est passé. Mais avant qu’il y ait eu succession,
il m’a fallu « entrer en Signe de Piste ». Et ça, c’est
une longue histoire !
Enfant, j’ai été
scout, très peu, et lecteur de Signe de Piste, sans excès car
je lisais peu. Puis le temps a passé. Etudes, un peu chaotiques, bac,
fac de lettres. Le tout sans passion, et par élimination de ce qui
m’ennuyait le moins. Comme beaucoup... Et puis est arrivé le temps
d’un mémoire de maîtrise de lettre et d’une thèse de doctorat
de IIIeme cycle. Là, c’était nouveau : il fallait créer
quelque chose par soi-même. Fini le bourrage de crâne et les
exercices scolaires. J’étais à Vincennes, « conquête
» de Mai 68, où on pouvait faire tout ce qu’on voulait. Aujourd’hui,
c’est banal, mais à l’époque, c’était la découverte
de la liberté (de penser, d’agir, de choisir…). Je voulais rédiger
quelque chose sur la BD, et rêvais ensuite d’une thèse de doctorat,
et peut-être de l’enseignement supérieur… Mais le nombre de mémoires
sur la BD était considérable. Je voyais les chances de carrières
bouchées.
Alors je me suis
souvenu d’une collection de jeunesse qui m’avait laissé des souvenirs
forts, malgré les années, et je proposais le sujet au prof.
Le sujet était neuf : on n’étudiait pas les ‘’petites lettres’’
à la Sorbonne. Mais il fallait rencontrer Dalens et Foncine d’abord,
dans les bureaux Alsatia de la rue Cassette, et Joubert.
J’avais gardé
un souvenir si fort de leurs œuvres, que les rencontrer me paraissait quelque
chose d’impossible, d’impensable. L’Himalaya par la face nord ! Je me demande
si ce projet de mémoire de maîtrise n’était pas un prétexte
pour rencontrer ces auteurs mythiques… Après quelques hésitations,
j’osais demandais rendez-vous à la secrétaire d’Alsatia, une
dame Hurel.
Je rencontrais d’abord Foncine. Un petit
homme d’allure assez banale, qui ne payait vraiment pas de mine. Sur le coup,
je fus un peu déçu... J’attendais mieux, de l’auteur du «
Relais de la Chance au Roy ». Mais il m’accueillit avec chaleur, écouta
l’exposé du projet, et tout de suite m’encouragea, proposa de m’aider,
de rencontrer Dalens. La porte, que je croyais infranchissable, était
grande ouverte, l’Himalaya, une colline pour jeux de piste. Cet accueil,
cette gentillesse de Foncine ne se sont jamais démentis. Et peu à
peu, au fil des rencontres, j’ai découvert, l’intelligence et la culture
d’un homme curieux des gens et de la vie, passionné d’Histoire et
de politique.
Ensuite, j’ai rencontré
Dalens. Beaucoup plus impressionnant : il était procureur de la République
et noble. Un grand seigneur du XVIIIème siècle doublé
d’un fils de général. Et charmeur avec ça. La glace rompue,
le charme a opéré.
J’ai découvert
récemment, quarante ans après, une lettre étonnante
dont j’ignorais l’existence : Foncine avait, dès les premières
semaines de notre rencontre, écrit au siège des Editions Alsatia
pour leur proposer de m’engager ! Quel seigneur lui aussi, qui n’avait
rien dit au modeste étudiant qui n’en espérait pas tant !
A l’époque, il ne s’agissait
que de discussions interminables sur le Signe de Piste, de virées à
Malans, capitale des Pays Perdus, la naissance d’une amitié à
n’en plus finir, tantôt chez Dalens, tantôt chez Foncine.
Et puis, j’ai rencontré
Joubert. Et bien c’est lui, l’un des hommes les plus simples et les plus modestes
que j’ai rencontrés, qui m’a le plus impressionné. Avec le
recul, je crois que c’est son œuvre qui s’interposait entre lui et moi. Tellement
géniale, complexe et simple à la fois, immense et riche, et
lui si modeste, qui prenait l’air bête quand j’essayais de le faire
parler sur tel ou tel dessin.
Ce n’est que plus
tard, beaucoup plus tard, que j’ai compris qu’il était heureux autour
d’un bon plat, avec des amis, à évoquer une anecdote passée,
un point d’histoire, un grand jeu scout, un ami disparu, ou la politique du
moment. Il aimait les amis, les voyages, la vie.
Alors, petit à petit, l’intégration
à l’équipe s’est faite au cours de rencontres quasi quotidiennes
: Alsatia n’avait pu m’engager – on était en 70, au moment où
la première collection Signe de Piste s’arrêtait -, Safari pas
plus. J’eus d’autres activités professionnelles : reporter-photographe
et réalisateur audiovisuel (les études de lettres mènent
à tout, c’est bien connu), rédacteur en chef de la revue de
la Fédération des Pueri Cantores. Ces activités, si elles
ne risquaient pas de me conduire à la fortune, avaient l’avantage de
me laisser libre de mon emploi du temps. Cela me permettait d’accompagner
Dalens et Foncine dans les nombreux salons, séances de dédicaces
et manifestations où ils se rendaient. On travaillait, on parlait des
manuscrits en cours, on déployait des trésors d’ingéniosité
pour pallier les faiblesses financières ou logistiques du Signe de
Piste.
Et puis il y a eu
les coups durs : arrêt brutal de Safari, création de l’Association
des Amis du Signe de Piste pour maintenir quelque chose et rassembler les
amis, redémarrage du Nouveau Signe de Piste avec des moyens limités.
Cela tenait plus du bénévolat ou de l’apostolat que d’une véritable
activité professionnelle. Je lisais les manuscrits, rédigeait
de petits textes, animait l’association, me déplaçait par monts
et par vaux sans la moindre rémunération, parce que c’était
Signe de Piste, parce qu’on était une bande de copains, d’amis…
Jusqu’au jour, en
1983, où le Signe de Piste a été repris par les Editions
Universitaires, une filiale d’un groupe belge baptisé Begegis. Dalens
et Foncine avaient bien mérité de se reposer un peu. Ils ont
proposé au repreneur que je leur succède à la tête
de la collection. C’était bien une succession...
Que représentait alors, la collection, dans la littérature
jeunesse ?
Je crois qu’on le mesurait assez mal, à l’époque, par manque
de recul, et parce qu’on était dans une situation conflictuelle.
Conflits gauche/ droite, pour simplifier, à l’intérieur de
la société française, dont la collection subissait,
à son niveau, les contrecoups. Le scoutisme a vécu les mêmes
déchirements.
La collection, on l’aimait, on y était
attaché, donc on se battait. Dalens et Foncine à un tout autre
niveau : eux, c’est leurs œuvres, et ce qu’ils avaient vécu dans le
scoutisme qu’ils défendaient. Moi, c’était plus, un héritage,
ou plutôt un patrimoine littéraire, culturel et émotionnel.
On était un peu des croisés en lutte contre l’esprit du mal,
pour reprendre une terminologie plus actuelle…
Il faut dire que
le petit monde de la littérature de jeunesse : critiques littéraires
(il existe tout un réseau de journaux destinés aux libraires
et bibliothécaires), ‘’spécialistes’’ de littérature
de jeunesse : libraires spécialisés, vendeurs de rayon jeunesse,
bibliothécaires, tout ce microcosme était traversé
et imprégné d’un courant d’idées fortement politisé,
qui n’aimait pas Signe de Piste. Leurs rédacteurs venaient souvent
du PC, et seraient à chercher aujourd’hui plutôt dans les milieux
trotskystes. Ils faisaient, de la collection, une lecture très politique,
fragmentaire, idéologisée, pas toujours fausse – il y a toujours
des textes qui peuvent prêter le flanc à la critique -, mais
pas vraiment honnête, pour ne pas dire vraiment malhonnête.
Il est facile de
démolir un livre des années 30 en lui appliquant les valeurs
des années 70, et en oubliant ou feignant d’ignorer le contexte de
l’époque.
Quelle stratégie a été adoptée par rapport au
scoutisme qui avait guidé les premiers pas de Signe de Piste…Quels
étaient les rapports entre l’équipe de Direction Nationale du
scoutisme et les responsables de la collection ?
Ca, c’est une question à poser à Jean-Louis Foncine. A tout
seigneur, tout honneur
A titre d’auteur et de rédacteur, tu as participé
largement aux trois Fusées des années 70…Pourquoi ce type d’ouvrage
collectif a-t-il été abandonné ?
C’est le
type d’ouvrage qui est très recherché par les collectionneurs
quand il est épuisé… et que les gens n’achètent pas
quand il est disponible. Ni dans les années 50, ni dans les années
70-80, ça n’a été un gros succès de vente. Par
contre, sur le plan publicitaire, et à long terme, c’était
assez génial. De même que les « Carrefours du Signe de
Piste », le « Prix des moins de 25 ans », etc. Les directeurs
de Signe de Piste pensaient – sans le savoir – marketing, quand la pub s’appelait
encore la réclame ! Quelle avance !
La collection Signe de Piste est la seule dont la présentation ait
été aussi variée et diverse (couvertures, dimensions
des livres, illustrations de couverture, impression…) au fil des ans…Quelle
en est la raison ?
L’âge ! En plus de 60 ans d’existence, on a l’obligation de changer, pour coller avec son temps,
pour ne pas paraître usé par l’âge. Pendant que Signe
de Piste changeait de look, combien d’autres collections disparaissaient
purement et simplement. Il n’y que la Verte et la Rose qui soient plus âgées,
mais pour des publics beaucoup plus jeunes.
C’est une collection qui n’a pas d’homogénéité
dans une bibliothèque…par ses formes mais aussi par les sujets abordés…Quelle
était la ligne de conduite suivie par le Comité de lecture
?
Côté présentation, voir ci-dessus. Mais les fondateurs ne pensaient pas, au départ, collection, aspect visuel dans la bibliothèque. Cela est venu avec le succès, dans les années 50. Dalens, Foncine, et pour beaucoup Joubert, ont compris qu’il fallait faire beau. A cette époque,
il y avait la concurrence de Rouge & Or, pour la tranche d’âge la
plus jeune. Et Rouge & Or faisait dans le beau et le bien fabriqué.
(Dessins intérieurs en couleur, grâce à des tirages et
une diffusion très supérieurs).
Quand aux sujets abordés, le
terme de « ligne de conduite » n’est pas très adéquat
: ça donne l’impression qu’il fallait suivre la « ligne du parti
». Ce n’était pas le cas, et ça ne l’a pas été
non plus de mon temps. Il y avait des règles, et aussi, dans une certaine
mesure, une absence de règles : un grand souci de l’éducatif,
dans les années 50, qui correspondait aux origines scoutes de la collection
(les auteurs étaient des chefs scouts, et leurs lecteurs étaient
les scouts). Cela venait aussi de ce que les éducateurs étaient
souvent les prescripteurs : chefs encore, mais aussi prêtres, éducateurs
de collèges, profs, etc. C’était une clientèle qu’il
fallait écouter et séduire. Et puis, toujours à cette
époque, la ‘’morale’’ était quelque chose qui ‘’coiffait ‘’
tout ce qui touchait à la jeunesse : le livre, le cinéma, les
activités. On ne plaisantait pas avec la morale. La BD, aussi, y
était très soumise. La « Loi sur les publications à
l’usage de la jeunesse », était une épée de Damoclès
avec laquelle on ne rigolait pas. Aujourd’hui, cette loi est toujours en
vigueur, mais elle est oubliée.
Mais Signe de Piste était aussi
une collection qui transgressait les règles, et qui ‘’abordait les
sujets les plus audacieux’’ comme disait la pub : et il est vrai que dans
les années 50, parler de la délinquance, des filles, du
nazisme, voire même effleurer les problèmes sexuels, c’était
osé, très osé. « On peut tout dire, aimait à
répéter Dalens, à condition de le faire en respectant
le lecteur ». « Les Enfants perdus », « Manfred »,
les autres livres de Jean d’Izieu, personne ne se risquait dans des sujets
aussi brûlants, dans le monde assez confiné des ‘’petites lettres’’.
J’ai poursuivi sur
ce filon, en le réactualisant, avec « Le Banian écarlate
» et « La Piste des larmes » d’Edith Lesprit ; avec les
livres de Gérard Viguié (« La Caravane de l’espoir »,
le très beau « Fils du Lion ») ou avec ce livre un peu
méconnu mais superbe, qui est le seul de la collection à traiter
du problème juif en France : « Le Doigt tendu », de Claude
Raucy, et dans quel style ! Mais j’arrête là, je ne vais pas
débiter toute la collection. Et pourtant, il y aurait matière.
De nombreux auteurs de SdP écrivent encore…Pourquoi ne sont-ils plus
édités sous le logo de la collection ?
C’est encore une longue histoire. Ca a commencé dans les années
80. La personne qui avait racheté les éditions de l’Orme Rond,
et qui ‘’nous voulait du bien’’, a réédité un jour
un premier roman de la collection : « Les Jumeaux de Pékin
». L’auteur ayant donné son accord, c’était son droit.
Mais ce n’était pas très droit, car ça amorçait
le démantèlement de la collection. Ca ne s’est plus arrêté
ensuite, surtout quand le groupe d’édition en charge de la collection
a commencé à faire tout et n’importe quoi, notamment
en virant son directeur alors que ça commençait à vraiment
bien marcher. Ca a été le commencement de la fin. Du fait de
l’éditeur en titre, incapable de gérer la collection, du fait
des ‘’prétendants’’, que cette collection prestigieuse faisait rêver.
Crois-tu que Signe de Piste puisse retrouver une place enviable au sein
de la littérature jeunesse contemporaine ?
Difficile
à dire. Au jour d’aujourd’hui, la collection est quasi morte, ou moribonde.
Elle n’est plus en librairie. Mais elle a déjà connu ça
par deux fois : en 1970, quand, après la crise des Scouts de France,
Alsatia a baissé les bras ; en 1983, quand Desclée de Brouwer
a repris les Editions de l’Epi, défaillantes. Alors que tout semblait
perdu, Safari a été une superbe relance, avec plus de 300 000
exemplaires dès la première année. Et la relance du Nouveau
Signe de Piste par Editions Universitaires a été aussi un succès,
plus lent et plus modeste, mais un beau succès de remise en librairie
de la collection. Le même essai pourrait être tenté aujourd’hui,
mais il faut en avoir les moyens, et l’audace. Et un gros éditeur,
bien implanté.
Pour y réussir quelles seraient les recettes à
adopter ? un style Harry Potter ? de la science fiction ? du polar jeune
?
Non, surtout pas ! Il n’y a pas de recettes. Sinon, il y a belle lurette que tout le monde aurait fait du Harry Potter, bien avant sa naissance. On ne prédit pas le succès. Il arrive quand il en a envie, et avec beaucoup de chance.Non, ce qu’il faut, c’est un éditeur
qui ait de gros moyens, une puissance de diffusion colossale. Le problème,
aujourd’hui, avec le rachat de toutes les maisons d’édition indépendantes
par des groupes financiers, c’est que ces groupes exigent une rentabilité
financière immédiate, alors que le succès des collections
se construit dans la durée. C’est peu incompatible. Un contrôleur de gestion pense retour sur investissement ; un éditeur se constitue un fonds. Mais il n’est pas
nécessaire d’espérer pour entreprendre, etc, etc. »
Comment expliques-tu la disparition des
SdP des rayons des libraires au profit de livres s’apparentant plus au livre
de poche ?
Les deux phénomènes ne
sont pas liés. Ni contemporains. D’ailleurs, la mode actuelle est au retour des livres de jeunesse au format roman traditionnel, voire au format best-seller. Le format poche est venu du désir de toucher des couches de populations nouvelles apportées par le collège unique et la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans. Avant, les livres de jeunesse ne visaient que les enfants
de la bourgeoisie. Avec le poche, et un prix moindre, on atteignait les enfants
des ‘’masses laborieuses’’. Gallimard Jeunesse, en créant Folio Junior,
visait les élèves et les profs de CES. Le Livre de Poche Jeunesse
lui a emboîté le pas, puis les autres.
Comment imagines-tu, avec ton expérience, le futur nouveau Signe
de Piste ?
Je
l’avais imaginé, à partir de 87, avec des auteurs comme Edith
Lesprit, Gérard Viguié, Claude Raucy, qui parlaient du monde
actuel aux jeunes d’aujourd’hui, ou en retenant ce qui allait devenir la série
« Mission ADN »-« La Voie 088 ». Un sacré
projet littéraire et… éducatif. Aujourd’hui, on pourrait continuer
de creuser ce sillon. Et guetter de nouveaux auteurs, de nouveaux thèmes.
Un éditeur, c’est quelqu’un qui est toujours à l’affût.
J’ai trouvé, tout à fait par hasard, un écrivain russe
contemporain, auteur de plus de cent romans, traduit dans toutes les langues,
et qui est encore inconnu du public français. J’espère pouvoir
le lancer. C’est un univers littéraire à lui tout seul. Ce
genre de phénomène n’est pas rare. Qui connaissait Tolkien,
en France, il y a 20 à 30 ans ? Et pourtant, l’essentiel de son œuvre
était écrit, et publié. En anglais.
Dans notre démarche, en créant
ce portail nous avons voulu être attentifs au passé de la littérature
d’aventures jeunesse, mais notre but est d’être tournés vers
l’avenir…Ne penses-tu pas que la BD a pris la place du livre pour enfant
et adolescent ?
Ca c’est une tarte à la crème
qui était déjà éculée en 1947. A l’époque,
héroïque, de Tintin, Spirou, Blake et Mortimer, Alix, Corentin…
on annonçait qu’ils allaient ôter le goût de lire aux jeunes
!
Il faut considérer
les chiffres de vente, non les phantasmes des journalistes. Certes, la BD
réalise un CA, des tirages et un nombre de nouveautés impressionnantes.
Mais la jeunesse se porte très bien aussi. Ce sont même les deux
secteurs qui, en 2003, ont rapporté le plus aux éditeurs !
Cela tient au travail colossal des enseignants du primaire et du collège,
qui font lire ces livres aux enfants. Les bibliothèques de collège
sont aussi un formidable outil d’introduction à la lecture. Non, les
enfants, au moins jusqu’à la troisième, lisent. Beaucoup. Après,
c’est autre chose. Ils n’ont plus guère le temps, et se consolent avec
des magazines.
Y a t’il encore une place pour le livre dans cette catégorie
?
Il y a toujours de la place pour de bons
bouquins. De toutes façons, les enjeux sont toujours modestes. On
ne demande pas à un roman d’avoir le même nombre de lecteur qu’un
film.
Une question personnelle….qu’est devenu
le Alain GOUT photographe ?
Il a pris sa retraite, faute de temps.
Et puis, comme tout métier, il faut s’y consacrer à fond pour
faire les choses à un certain niveau. L’édition m’a complètement
absorbé. Tout juste si j’arrive à faire quelques photos de ma
fille ! Mais avec le numérique, peut-être. Il y a des choses
nouvelles à découvrir…
Une dernière question, indiscrète
celle-là : tu n’as pas hésité à adhérer
à l’association Jeux de Piste et à y prendre une part très
active… Qu’en attends-tu et qu’attends-tu du succès du site ?
Au départ, je n’en attendais
rien de précis. J’ai été surpris par la qualité
et le niveau de certains échanges. Enfin des gens qui parlaient de
Signe de Piste en adultes, c’est-à-dire en prenant le recul nécessaire
pour re-lire les livres ! J’ai lu sur le site des analyses et des réflexions
passionnantes. Et l’idée d’élargir à d’autres collections,
d’autres époques, m’intéresse beaucoup. J’ai, depuis longtemps,
des projets de collections de romans populaires, de romans d’aventure oubliés.
Alors j’ai décidé de soutenir et, si possible, d’apporter ma
pierre.
Propos recueillis par Michel Bonvalet
Avril 2004
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