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1937- 2012
SIGNE DE PISTE a 75 ans !
BON ANNIVERSAIRE !
En guise de cadeau, nous vous offrons cet album souvenirs avec de nombreux documents inédits et originaux !
Déroulez les pages, n'hésitez pas à grossir les textes, vous ne serez pas déçus ! (Pour grossir un texte il suffit d'utiliser simultanément la touche ctrl de votre pc et la molette de votre souris pour faire effet de zoom)
SIGNE DE PISTE AU PASSE... AU PRESENT... AU FUTUR :
Il y a 75 ans les éditions Alsatia lançaient la collection Signe de Piste sans imaginer le succès phénoménal qu'elle allait rencontrer auprès de la jeunesse.
Il y a 65 ans le Jamboree de la Paix
réunissait à Moisson des milliers de Scouts du monde entier dans une
ambiance de Paix retrouvée et avec la présence efficace des auteurs et
illustrateurs de Signe de Piste.
Il y a 55 ans, Signe de Piste lançait ses collections Signe de Piste Junior et Rubans Noirs.
Il y a 45 ans un Signe de Piste "La Bande des Ayacks" était filmé en feuilleton pour la Télévision Française.
Il y a 35 ans paraissait La Fusée n°4 consacrée au quarantième anniversaire de la collection Signe de Piste . Il y a 25 ans paraissait Les chemins de l'aventure consacré au 50 ème anniversaire de la collection.
Il y a 15 ans la collection rencontrant quelques difficultés, Jean-Louis Foncine demande à Alain Gout d'étudier la création d'une société d'édition indépendante vouée à Signe de Piste et Pierre Joubert.
Il y a 5 ans les éditions Delahaye
relancent la collection Signe de Piste avec la réédition de grands
classiques et de nouveaux titres, après avoir entrepris l'édition de
l'oeuvre de Pierre Joubert.
Nous mesurons le chemin parcouru et celui qui reste à parcourir !

Les Chemins de l'Aventure comme La Fusée n°4 sont aujourd'hui introuvables, sauf chez quelques bouquinistes,
Ils racontaient l'histoire de Signe de Piste sous la plume des Dalens,
Foncine et Alain Gout. (les extraits de La Fusée peuvent être consultés au chapitre " l'aventure Signe de Piste"). Nous avons donc choisi
d'apporter notre pierre à l'édifice en communiquant des documents
originaux et souvent emplis de nostalgie envers ceux sans qui rien
n'eut existé. Nous attachant à faire revivre ce passé exaltant, nous
appuierons les efforts de ceux qui continuent avec beaucoup de volonté à
donner un présent et un avenir à cette collection. Nous rendons
également hommage aux auteurs (en demandant d'avance pardon à
ceux que nous ne citons pas), aux illustrateurs et aux photographes qui tous ont rendu
cette aventure possible. Nous n'avons pas oublié non plus le rayonnement de
Signe de Piste au cinéma, au théâtre et dans le disque. Enfin nous
rendrons un hommage particulier à cet illustrateur magistral que fut
Pierre Joubert.
Tout d'abord, cédons la plume à Alain Gout qui fut, tout au long de sa vie, témoin et participant de cette aventure :
Née sous le signe de la Tortue, la collection Signe de Piste,
75 ans en 2012, fait preuve d'une exceptionnelle longévité, et d'une
aussi remarquable endurance. Comme la tortue de la fable, laissant sur
le carreau ses concurrentes directes. Exit les collections scoutes
« Jamboree », « Message caché », « Feu de
camp », « L'Equipée », « Jeunes de France »,
mais aussi, chez le même éditeur, « Joyeuse », « Toison
d'or », « Signe de Piste Junior » ou même « Rubans
Noirs », et d'autres encore. Eliminées aussi, les collections pour
adolescents des grands éditeurs, de « Rouge et Or » à
« Plein Vent », de la « Bibliothèque Verte » ce
qu'il en reste n'étant plus qu'une annexe des grands studios de cinéma
et de dessins animés US à « Idéal-Bibliothèque », de
« Coeurs Vaillants » à « Belle Humeur », de
« Jean-François » à la « Bibliothèque de
l'Amitié ». Et toutes celles encore dont les noms sont tombés dans
l'oubli.
Pour fêter cet anniversaire, nous avons ouvert nos archives à Jeux de Piste afin de proposer aux fidèles de la Collection, comme à ceux qui la
découvrent aujourd'hui, quelques-uns des documents qui nous ont été
confiés par ceux qui l'ont faite. Certains rares et précieux, comme la
courbe des ventes de Signe de Piste
dressée à la main par Jean-Louis Foncine, d'autres émouvants, d'autres
anecdotiques ; des photos jaunies et précieuses ; des
illustrations rares ; des projets de maquette abandonnés ;
des notes manuscrites inédites, etc, etc... Afin que cet anniversaire
soit un feu d'artifice visuel et l'occasion de surprises et de
découvertes, y compris pour les fins connaisseurs, et ils sont
nombreux...
C'est
aussi l'occasion de réfléchir aux RAISONS DE CE SUCCÈS, unique dans
l'histoire de la littérature de jeunesse. Il n'y a pas une explication,
claire et évidente, mais plutôt une conjonction de phénomènes. D'abord,
la création du SCOUTISME, avec son expansion considérable et
universelle s'expliquant par le contexte social de
l'époque : le développement de l'école obligatoire, qui impliqua
que les jeunes ne travaillèrent plus dès leur plus jeune âge, et
bénéficièrent
de vacances, et devinrent vite demandeurs d'activités et de
sorties ; le
développement des villes, industrielles et insalubres, et donc
le besoin d'en sortir et de redécouvrir la nature et les aventures
qu'on peut y vivre quand on a 15 ans ; un immense besoin de
liberté (liberté féminine, avec la contestation initiée par les
suffragettes de Grande-Bretagne ; le besoin diffus de briser les
bienséances bourgeoises et religieuses, ...jusqu'à l'explosion de mai
68). Mais ces explications sociologiques ne suffisent pas à elles
seules à expliquer la naissance de la collection, ni son succès, même
si le public scout était une formidable clientèle. Ni le fait qu'elle
ait effacé toutes les autres.
Ce
qui semble un début d'explication, c'est la CRÉATIVITÉ tous azimuts qui
régnait dans les mouvements scouts, en particulier chez les Scouts
de France : en quelques années, en marge des activités scoutes
traditionnelles, s'y développent un répertoire théâtral, au sein des
Comédiens Routiers de Léon Chancerelle ; un répertoire musical,
autour du père Sevin, avec Léon Brice, Jacques Chailley,
Regrettier, William Lemit, Francine Cockenpot et César
Geoffrey, le créateur du mouvement « A coeur Joie », et plus
tard Raymond Fau ou Jean Weber. Dans
ce chaudron en ébullition,
enthousiaste et conquérant, des écrivains ne pouvaient
qu'apparaître, et ils créèrent un imaginaire scout qui faisaient rêver
les garçons a des aventures fabuleuses, autrement palpitantes que les
activités scoutes courantes.
Et ce ne furent pas des
plumitifs besogneux : Guy de Larigaudie, Pierre Delsuc, Paul Coze,
Jacques Michel, Jean-Louis Foncine, Serge Dalens, Georges
Cerbeleau-Salagnac sont d'authentiques écrivains. Leurs premiers textes
parurent dans la revue « Le Scout de France », puis dans
différentes maisons d'éditions. Et enfin, à partir de 1937, chez Signe de
Piste
la collection était née, et elle ne s'est plus arrêtée. La plupart des
auteurs sont toujours édités, et ils continuent d'être lus
par les jeunes d'aujourd'hui. Même si, il faut être réaliste, le succès
n'est plus ce qu'il a été. Mais une bonne commercialisation, comme cela
fut fait, patiemment, et avec beaucoup d'intelligence, dans le passé,
pourrait parfaitement permettre de retrouver un large public.
Car
la recette du succès, ce qui a fait que Signe de Piste a supplanté
toutes les collections concurrentes, puis les autres collections de
jeunesse, on la doit à ce subtil cocktail : le talent littéraire
des auteurs, qui est réel, et qui fait qu'on ne lâche plus un roman
dès lors qu'on l'a commencé ; un langage direct, franc et sans
mièvrerie, qui a conquis les adolescents, enchantés qu'on s'adresse à
eux comme à des adultes et non comme à des enfants ; les sujets
traités, aux thèmes sans cesse renouvelés,tantôt classiques, tantôt
audacieux, tantôt brûlants, et jusqu'à des sujets tabous, comme chez Rubans Noirs ; et enfin, et c'est l'aspect le plus méconnu,
une publicité très nouvelle pour l'époque, mêlant l'humour à un ton
direct et dynamique, avec des techniques de communications trouvées
intuitivement par un Foncine qui osait tout, et qui le faisait très
naturellement, à l'intuition, sans se douter qu'il reprenait les techniques utilisées par les plus grand publicitaires.
Enfin, et surtout, les dessins et couvertures du magicien Joubert, qui explique à lui seul une bonne partie du succès. Mais là, j'enfonce une porte ouverte.
Voilà, me semble-t-il, quelques unes des recettes qui ont fait le succès inouï de Signe de Piste,
et qui expliquent que,75 ans après son lancement, la Collectioncontinue
d'exister et d'être lue par des inombrables amis de tous âges.
Alain Gout



  
Ce texte "Le Royaume des vivants" de Jean-Louis Foncine
est un des plus beaux et des plus romantiques évoquant la belle
histoire des auteurs Signe de Piste ! Nous l'avons exhumé pour
vous l'offrir !
Un peu d'histoire et de souvenirs de la collection : Maurice de Lansaye, dit Jacques Michel fut le premier directeur de la collection. Il n'hésitait pas à payer de sa personne sur les stands de vente:
Les locaux des éditions Alsatia à Paris Chaque
évènement faisait l'objet d'une plaquette expédiée à tous les
participants. Une manière de maintenir un lien constant entre l'éditeur
et ses auteurs. Sans oublier de profiter des évènements pour assurer la promotion des romans auprès des libraires !
La courbe des ventes de Signe de Piste éxécutée de la main de Jean-Louis Foncine pouvait donner le vertige et inquiéter aussi pour l'avenir de la collection après 1968 :
"Au Signe de Piste" la boutique de la rue Garancière, tenue par Jean-Louis Foncine
présentait toute la collection et bien d'autres livres et jeux pour
jeunes. A chaque sortie de roman, les originaux des illustrations
étaient exposés en vitrine, souvent des Joubert.
Je me souviens y avoir passé de nombreux et longs moments à admirer les
oeuvres du Maître pour m'appliquer ensuite à essayer d'obtenir sans y
parvenir, le niveau de perfection de son trait . Ce jeune homme en culotte de golf, issu des "100 camarades" aurait pu être moi.
Ces auteurs qui ont fait Signe de Piste :
Qui
étaient-ils, ces auteurs réunis sous la même bannière et participant à
la création d'une collection destinée à la jeunesse : médecins,
avocats, juges, éducateurs, futurs comédiens, prêtres ou simples
romanciers amateurs ? Pour la plupart anciens Scouts, un seul but
guidait leurs plumes, transmettre leur savoir, leur goût de l'aventure
et de l'Histoire et surtout leur respect de la vie. Dans un esprit de droiture, de grands sentiments et même de révolte avec
l'humour qui s'imposait pour toucher leur jeune public.
Voici quelques uns de leurs premiers romans:
Et
pour les amateurs éclairés, quelques autographes d'époque d'une
sélection d'auteurs, d'illustrateurs et de photographes, sans oublier la
direction de la collection éditée par Alsatia... Une belle brochette de signatures dont certaines sont devenues célèbres :
 Ce n'est pas sans émotion qu'on peut découvrir ci-dessous quelques pages manuscrites de Serge Dalens,
déceler ses hésitations, ses corrections. Elles rendent l'auteur encore plus proche de nous :
 Daniel-Rops, académicien français, accepte d'écrire la préface de L'Etoile de Pourpre de Serge Dalens en 1958 :  Guy de Larigaudie, auteur Signe de Piste ( Le Tigre et sa panthère fut le n°3...) réalise en compagnie d'un autre routier Roger Drapier, en 1937 aussi, le fameux raid Paris-Saïgon au volant d'une Ford décapotable. Pour en savoir plus, c'est ici !  A cette occasion le "routier de légende" réalise des croquis des difficultés rencontrées.
 Quelques uns des auteurs qui ont fait la renommée de la collection :
 ...Et parmi eux, un futur académicien !
 Bertrand Poirot-Delpech (Bertrand Mézières pour le Signe de Piste)
Avant
de clore ce chapitre et de poursuivre notre investigation sur la
collection, j'aimerais citer quelques passage d'un texte de Jean-Louis Foncine (encore lui) écrit en 1975 au moment de la reprise de la collection par EPI.
Ce texte tapé sur la vieille Underwood de service s'intitule :
Le Phénomène Signe de Piste
Le
phénomène "Signe de Piste" est l'un des plus curieux qu'il soit donné
de constater dans le monde de la littérature de jeunesse en cette
dernière partie du 20ème siècle. En son genre, il est plus
symptomatique encore que les phénomènes "Comtesse de Ségur" ou
"Jules Verne" qui réalisent le triomphe de l'humain et du merveilleux
sur le réalisme et la sociologie. Les châteaux emplis de domestiques et
les voyages autour de la lune peuvent appartenir à un passé totalement
révolu, les héros, eux, sont restés vivants, bien vivants et les bouquins
tirent toujours à des centaines de milliers d'exemplaires. Née en
1937, la Collection Signe de Piste avait trouvé immédiatement, dans le
sillage du scoutisme, des auteurs de classe en la personne de Serge
Dalens, Jean-Louis Foncine, Bruno Saint-Hill, Jean Valbert, Georges
Ferney, Jean-François Pays, Jean d'Izieu, X.B.Leprince, Pierre Labat,
Pierre André Bernard, Cyrille etc... .../... Dalens et Foncine
ont fait leur entrée dans le Quid 1974 dans la cohorte des best-sellers
mondiaux des cinquante dernières années. Mais c'est moins cette
réussite particulière qui est remarquable que la perçée collective
d'une série qui, dès l'origine, sut rompre avec la fadeur d'une
littérature aseptisée qui ne s'était guère modernisée depuis Zénaïde
Fleuriot que dans la forme. .../... A Signe de Piste on allait
droit au but et l'on abordait les problèmes qui préoccupaient vraiment
les jeunes : Les différences sociales et raciales, la guerre,
l'amour... On écartait les tricheries et l'on faisait parler les
adolescents comme ils parlent entre eux et dans la rue, avec leur
truculence, leurs expressions spontanées, savoureuses voire
argotiques...On osait mettre en récit, et sans mièvrerie ou fausses
conventions, la délinquance juvénile... les antagonismes nés des guerres
fraticides... les injustices morales ou sociales, les oppositions de
races débouchant sur la compréhension et même la fraternisation. .../... Rien
d'étonnant à ce que la collection ait suscité à la fois l'enthousiasme
de millions de lecteurs ( Signe de Piste est à coup sûr la seule
collection qui provoque un courrier d'une telle abondance entre
lecteurs, auteurs, illustrateurs et directeurs de collection), et des
animosité parfois venimeuses. .../... Compromise en 1969, par la
nonchalance commerciale de son éditeur originel, le Signe de Piste
reprenait vigueur en 1971 sous l'égide d'une association
Alsatia-Hachette. Menacée à nouveau quand cette association se
révéla inadéquate à la politique générale de la Maison Hachette, Le
Signe de Piste prend en ce moment même un nouveau départ avec les
éditions de l'Epi... ...Foncine et Dalens qui dans l'intervalle ont
créé l'Association des Amis du Signe de Piste (loi de 1901) travaillent
avec les illustrateurs dont les adolescents raffolent depuis les
origines, Pierre Joubert et Michel Gourlier, à donner des chances
nouvelles à une série qui se reconnait à la liberté laissée aux
auteurs, à la richesse de ses thèmes et au climat d'amitié incomparable
qu'elle suscite parmi ses lecteurs. .../... En matière d'antiracisme, la collection n'a de leçon à recevoir de personne... Créé
en 1972, dans le sillage du Signe de Piste, le "Prix des moins de 25
ans" - avec un jury totalement indépendant de la Direction de la
collection - offre une image de marque assez étonnante puisqu'il est le
seul prix littéraire français décerné par des moins de 25 ans à des moins de 25 ans..../... La
boucle semble bouclée. Elle ne l'est pas car le désir constant de
renouvellement est la passion première des directeurs de collection qui
savent faire crédit à la jeunesse même quand celle-ci s'exprime sans
ménagement.
Belle leçon d'histoire et d'espoir donné par ce grand professionnel.
Mic
SIGNE DE PISTE ET PUBLICITE :
Dès
sa création, l'équipe de direction de la collection avait compris
l'importance de la publicité (qu'on appelait encore la "Réclame") dans le
développement de sa clientèle.
Mais ce sera surtout dans les années 50 sous l'égide du trio Dalens-Foncine-Joubert
que se développera un véritable Marketing alliant la publicité de
marque, la promotion auprès des libraires et organisations diverses et
les relations avec les lecteurs.
Ci-dessous quelques insertions signées
Pierre Joubert :



Le sens aigu de la publicité se ressentait aussi dans la vie privée de Foncine et Joubert, ainsi que le montre ce document présentant leurs chalet de Moriond aux scouts :

Vinrent
alors les concours d'écriture et d'illustrations propres à stimuler les
ventes et permettant de découvrir de nouveaux talents. (Dans la
liste des résultats du concours 1957 ci-dessous on peut remarquer
à la 1ère place des romanciers, Jean-François Bazin et à la modeste
14ème place des illustrateurs, votre serviteur) Les prix littéraires :


Puis ce fut la création d'une sorte d'almanach annuel, la fameuse "Fusée" qui permettait de
raconter l'histoire de la collection, de livrer des "trucs" sportifs ou
divertissants, de faire paraître des nouvelles originales : un outil de promotion sans en avoir l'air, tout en créant un lien inestimable avec les lecteurs.

La
communication de la collection passait aussi par la qualité des
illustrations et principalement par celle des couvertures ou
des jaquettes dont la mise en page faisait l'objet du plus grand
soin. (Le packaging du produit fini !) Quelques projets inédits, car abandonnés :
L'ALBUM AUX SOUVENIRS :
Imaginez ! Imaginez
que, comme le héros de "La timbale d'argent" cette nouvelle de Foncine
pour "Les contes du Pays Perdu", vous retrouviez dans le grenier de la
maison familiale, le viel album poussièreux que les anciens ont oublié,
là.
Vous soufflez sur la couverture pour en chasser la poudre qui
volette autour de vous en volutes lumineuses à travers la lumière
diffusée par la lucarne...
le décor est planté, vous ouvrez le livre de
photos jaunies :
 
SIGNE DE PISTE FAIT SON CINEMA :
Le
Signe de Piste à l’écran… Moteur ! Action !...
De
par son extrême longévité, la collection Signe de Piste, fleuron de la
littérature de jeunesse, recèle d’innombrables trésors. Il est donc important,
pour célébrer dignement son 75ème anniversaire, d’évoquer également pour vous les
quelques réalisations cinématographiques issues de ses romans. C’est pourquoi, afin de ravir tous les « fans »
de cette collection prestigieuse, nous nous sommes donnés pour mission de
recenser ses films. Cependant, malgré l’abondance des titres publiés dans la
collection, nous n’avons dénombré à ce jour qu’une dizaine de créations
picturales faites pour le cinéma, ce qui pour la collection Signe de Piste
constitue néanmoins un véritable patrimoine historique tout en images. Réalisés
dans des formats très différents, tournés avec des caméras semi-professionnelles ou
amateurs, filmés en noir et blanc ou en couleurs, avec prises de vue en
mouvement ou figées, muettes ou sonores, d’une durée variable, interprétés à la
fois par des acteurs confirmés ou bénévoles, tous ces films furent bien entendu réalisés à
des périodes distinctes, mais chacun retrace un pan de l’histoire de cette
collection mythique.
Toutefois,
il nous faut raviver les mémoires et pour plus de compréhension, énumérer par
ordre chronologique la totalité de ces films parfois oubliés ou tout simplement
méconnus du public Signe de Piste amoureux du 7ème art. Car si on en connait les
romans, leurs titres et leurs auteurs, les films issus des ouvrages de cette
collection sont hélas dans l’ombre et apparaissent souvent comme relégués à la
périphérie du Signe de Piste. Alors faisons retentir le clap et commençons par
le début.
Pour
cela, il nous faut faire un long travelling arrière et remonter le temps pour nous
plonger dans le passé à une époque où celle-ci
était, avec ses parutions, l’un des principaux satellites littéraires du
scoutisme français. Cette période se situe plus précisément quelques années
après la libération. C’est à la fin des
années 40 qu’un auteur du Signe de Piste a l’idée lumineuse d’adapter un
ouvrage de la collection pour le porter à l’écran. Ce précurseur est l’une des figures du Signe
de piste, il se nomme Georges Ferney et va être le cinéaste qui ouvrira la voie
du 7ème art au sein de la collection, car
parallèlement à sa carrière littéraire, il était avant tout un homme de cinéma… comme l’a écrit son ami Serge Dalens.
Georges
Ferney, producteur audacieux et cinéaste émérite, va donc réaliser le premier
film sorti sur les écrans et tiré d’un roman paru dans la collection Signe de
Piste. Son premier long métrage noir et blanc s’intitule « Les Cent
Camarades ». Tourné en grande partie dans la capitale, c’est une réalisation
scoute et Signe de Piste à la fois, dont les premières séquences furent fixées
sur la pellicule dès 49. Puis quelques temps plus tard, à l’occasion de sa
sortie, « Les Cent Camarades » deviendra la première adaptation cinématographique
au titre éponyme, issue du récit de Claude Appell qui fut l’un des auteurs de
la collection. Et bien des années plus tard, après un long silence, ce premier
film Signe de Piste sera commercialisé sous forme de vidéo cassette qui de nos
jours s’avère pratiquement introuvable. 
Ouvrons là
une petite parenthèse, afin d’apporter
quelques précisions qui éclairerons les lecteurs. Plus ou moins à la même époque
que « Les Cent Camarades », un autre film uniquement
scout, intitulé « Antoine chef de bande », a été réalisé d’après un
scénario de Jean-Louis Foncine. De ce fait, les erreurs et les confusions sont
fréquentes. Il semble que pour certaines personnes il soit mal aisé de
classifier ce film scout. On le remarque bien souvent volontiers associé à un
film Signe de Piste. Bien sûr il n’en est rien, car aucun ouvrage paru dans la
collection ne porte ce titre. Quelques-uns penseront, au vu du nom de son scénariste, que celui-ci
est sans nul doute la source d’une aussi fréquente confusion. Pour les autres, il
semble s’avérer normal que ce film soit considéré comme un film Signe de Piste.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas adjoindre
à cette théorie quelque peu simpliste, la saga en dix-neuf épisodes adaptée
pour la télévision du roman de Brigitte et Jean-Louis Dubreuil, alias Claude
Campagne, intitulé « Adieu mes quinze ans », ou encore la série des
cinq longs métrages « d’Angélique Marquise des anges » issue de la
plume du couple Golon, qui avaient tous deux débuté leur carrière littéraire
au sein du Signe de Piste. La collection Signe de Piste étant avant tout constituée
de romans, lorsque ceux-ci sont portés à l’écran, on peut alors raisonnablement
les évoquer comme étant des films Signe de Piste.
Ceci
étant précisé, revenons à Georges Ferney qui au début des années 50 réalisera
le second film scout et Signe de Piste de sa carrière cinématographique. Ce deuxième opus sera accompli en collaboration
avec son ami Pierre Labat. Tiré d’un ouvrage de ce dernier, il en portera
également le titre car ce film s’intitule lui aussi « Le Merveilleux
Royaume ». Il s’agit d’un moyen métrage tourné dans les profondeurs de la
Méditerranée durant l’été 53, relatant les aventures subaquatiques du premier
groupe de plongée sous-marine des Scouts de France fondé par Pierre Labat. Pour l’occasion, il embarqua sa troupe à bord de « La Calypso », navire
légendaire gouverné par le célèbre Commandant Cousteau. Cette réalisation donnera naissance à un film
couleurs sorti sur les écrans début 54, avec comme chef opérateur Georges
Ferney et comme narrateur son ami Pierre Labat qui, pour nos jeunes cinéphiles,
commentera lui-même en voix off cette aventure.
Nous
voilà maintenant dans la deuxième moitié des années 50, à une époque où le
Signe de Piste bat son plein, remportant un vif succès auprès des jeunes
lecteurs. Georges Ferney vient d’y faire paraître un autre de ses romans
« Le Chemin de la Liberté ». Fort de ses précédentes expériences
cinématographiques pour la collection, il va alors l’adapter en y incluant
quelques séquences liées au scoutisme et le porter à l’écran, faisant naitre
ainsi au début de l’année 58 un nouveau film scout et Signe de Piste « Le
Chemin de la Liberté ». Ce long métrage couleurs sera le dernier volet du
triptyque cinématographique de Georges Ferney, réalisé en 16 mm et tiré des
ouvrages parus dans la collection. Néanmoins, nous lui connaissons quelques
rushs restés à l’état de projets inachevés et qui avaient pour objectif de porter
à l’écran « Le Relais de la Chance au Roy » et « Les Compagnons
de la Loue ». 
Puis,
environ dix ans plus tard et en pleine période « Yéyé », la
télévision va s’intéresser de très près à l’un des romans phares de la collection « La Bande des
Ayacks » de Jean-Louis Foncine. "Depuis
de nombreuses années le projet d’une réalisation relatant en images les aventures des « Ayacks »
avait échoué" confira son auteur, dans
une interview filmée par l’équipe du tournage dans sa résidence du « Pays
Perdu », qui sera diffusée sur le petit écran en même temps que le premier
épisode. Et cette fois-ci, le projet va prendre corps et sera mené à terme. Six
épisodes noir et blanc de 26 minutes chacun seront filmés au cours de l’été 67.
Bien entendu Jean-Louis Foncine en signe l’adaptation et les dialogues, et pour
la joie de tous, nous le retrouvons dans le rôle du cafetier. Mais certains
événements politiques vont retarder sa diffusion qui à l’origine était
programmée pour le printemps suivant et qui n’aura lieu que durant l’été 70. Les
jeunes téléspectateurs peuvent enfin découvrir et suivre avec plaisir les
aventures de « La Bande des Ayacks » sur le petit écran. 
Ensuite
viendra la décennie des années 70. Deux
longs métrages couleurs issus de romans parus dans la collection vont être
portés à l’écran. Il s’agit de deux films réalisés en super 8 mm et sonores.
L’un,
dont le tournage nous emmène dans la région du Mans, relate en images l’ouvrage
d’un des auteurs emblématique de la collection Signe de Piste, Maurice Vauthier,
qui fut plusieurs fois récompensé de prix littéraires pour la qualité de ses
récits. Ce film Signe de Piste, où l’on découvre quelques séquences tournées avec
des scouts, s’appellera bien sûr comme le roman « Faon
l’Héroïque », une réalisation amateur dont on a jusqu’ici fait peu cas et
pourtant... 
Pratiquement
à la même période mais à l’autre bout de la France, se fixent sur la pellicule d’autres
prises de vues. Elles se déroulent à Malans, au cœur même du « Pays
Perdu » qui devient, pour l’occasion, le plateau de tournage d’une
nouvelle réalisation cinématographique issue d’un roman publié dans la
collection. Celui-ci sera d’abord filmé avec un scénario co-écrit sous la plume
de Jean-Louis Foncine et Jean François Pays. Ce dernier, ayant quelques années
auparavant approché le monde du cinéma, s’était lié d’amitié avec l’un des plus
grands réalisateurs de « la nouvelle vague » nommé François
Truffaut, avec lequel Jean-François Pays
collabora. Puis ce dernier fera paraître un album au début des années
70, intitulé « l’Enfant Sauvage », illustré de photographies prises lors du tournage du
film du même nom réalisé par François Truffaut. C’est sans doute cette
rencontre qui poussa Jean-François Pays à passer derrière la caméra pour
réaliser un long métrage qui s’intitule « Hier la Liberté » et dans
lequel on a le plaisir de retrouver à l’écran quelques personnalités bien connues
du Signe de Piste. Et du scénario original naitra un ouvrage portant le même
nom, dans lequel, comme dans le récit de Pierre Labat « Le Merveilleux
Royaume », les lecteurs peuvent découvrir et admirer les quelques
photographies extraites du film servant à illustrer les pages intérieures de ce
récit, également co-écrit par Jean-Louis Foncine et Jean-François Pays et qui
sera publié en 1976 dans la collection « Le Nouveau Signe de Piste ».

Nous
pouvons également évoquer deux autres créations qui, à notre connaissance, ne
sortirent jamais sur les écrans. Toutefois, il s’agit assurément de films Signe
de Piste. Elles furent vraisemblablement réalisées à la fin des années 40, en
version muette et tournées en film fixe. Procédé très courant avant-guerre qui
consiste en une succession d’images figées sans aucun effet du type fondu
enchaîné. Le premier de ces films fixes
est tiré du roman de Guy de Larigaudie et s’intitule « Yug ». Malheureusement,
il semblerait qu’aucune copie de ce film ne soit parvenue à traverser le temps et
cette réalisation cinématographique semble pour Signe de Piste définitivement
perdue. Quant au second de ces films, il est issu du plus célèbre roman de la collection
puisqu’il s’agit du « Prince Eric » de Serge Dalens. Pour mener à bien ces deux réalisations, on fit
appel à l’illustrateur officiel de la collection Signe de Piste, Pierre
Joubert. Ce maître incontesté de l’imagerie va pour ce faire créer une
multitude de dessins, illustrant en couleurs et plan par plan chaque séquence
de ces récits. Puis ceux-ci seront placés bout à bout faisant ainsi vivre les
fictions. Et une fois la pellicule impressionnée, ils
ont donné naissance à ces deux adaptations cinématographiques tirées de romans
Signe de Piste et réalisées en film fixe. Mais le sort en décidera autrement et
la société de production fera faillite peu de temps avant leur sortie en salle.
Nos jeunes cinéphiles n’auront pas le plaisir de découvrir à l’écran ces deux
films qui ne prendront jamais le chemin
des salles obscures. Seules quelques
rares copies seront tirées, vouées au silence et conservées parmi des archives
familiales.
Ce
n’est qu’après plusieurs décennies qu’une de ces copies sortira de l’ombre. Celle
du « Prince Eric » qui, après une restauration minutieuse, fera
l’objet d’un album d’imagerie récemment publié, intitulé « Pierre Joubert
– images pour un film fixe – Le Prince Eric – d’après le roman de Serge
Dalens ». Dans cet ouvrage, les lecteurs peuvent enfin apprécier à sa
juste valeur le trait de Pierre Joubert.

Toujours
à propos du « Prince Eric », nous signalons également qu’à la fin des
années 80, il fut question d'en réaliser un long métrage, suite à une
proposition émanant d’une personne bien connue du monde des arts et du cinéma, devenu
par la suite Ministre de la Culture. Il s’agit de Frédéric Mitterrand qui s'était, à l'époque engagé pour réaliser ce film, avec contrat signé entre lui et les éditions Critérion qui éditaient Signe de Piste. Serge Dalens a finalement refusé de signer ce contrat car le licenciement d'Alain Gout de ce groupe augurait mal de l'avenir de SdP dans la société, ce qui mettra un terme à ce contrat.
Pour
clore cette énumération et le recensement de toutes les créations cinématographiques
issues de romans parus dans la collection Signe de Piste, il nous faut, afin
d’être le plus exhaustif possible, évoquer également deux autres films réalisés
semble-t-il, comme le relate un blog et site dédié au Signe de Piste, d’après
l’ouvrage rédigé par Florence Houlet intitulé « Calendal – Contes de Noël
». Ce recueil fut publié dans la collection « Signe de Piste Junior »
en 1960 et porte le n° 25. Deux de ces nouvelles, extraites de cet ouvrage,
auraient été, toujours à en croire les webmasters de ces pages virtuelles,
portées à l’écran sous forme de film fixe. Malheureusement nous n’avons pas
plus de précisions à apporter sur ce sujet, que ce soit sur leurs durées ou sur
leurs contenus, et n’avons retrouvé aucun visuel qui permettrait d’illustrer cette
présentation.
Enfin,
avant d’éteindre les projos et de quitter le plateau, en guise de générique de
fin, nous tenons à témoigner notre gratitude à tous ceux qui ont apporté leur concours
dans nos recherches, tant par leurs connaissances de la collection que par leurs
précieux documents, afin qu’a l’occasion de cet anniversaire, il nous soit
possible de retracer et parfois d’illustrer de visuels ces quelques réalisations
cinématographiques, issues de romans publiés dans la collection Signe de Piste
depuis sa création en 1937.
Christian Floquet
SIGNE DE PISTE AU THEATRE :
Le
théâtre à l'occasion des feux de camp ou des divers rallyes fait partie
de l'univers scout, il était tout naturel que des ouvrages de la
collection fassent l'objet d'interprétations théâtrales, sans oublier des
interprétations au théâtre de marionettes de Jean-Claude Alain.
Quelques souvenirs : A noter les hésitations de Serge Dalens pour écrire sa pièce sur Le Prince Eric !


SIGNE DE PISTE EN AUDIO :
Devant
le succès rencontré auprès des jeunes, il était tentant de toucher les
amateurs de disques, alors que de nombreuses pièces de théâtre et de
romans populaires faisaient l'objet d'enregistrements en 33 tours qui
rencontraient un excellent accueil du public. Ce fut fait avec 3 classiques de la collection. Ces disques sont recherchés par les collectionneurs :

SIGNE DE PISTE EN BD :
Les romans de la collection offraient de magnifiques possibilités de scénarii de BD. Pierre Joubert s'était déjà frotté à cette technique de communication avec Pouf et Sulfate:

Mais
plus tard fut mise en place une véritable production de certains titres
en bandes dessinées, aux éditions M.C.L., avec de superbes couvertures
de Pierre Joubert et des dessins intérieurs de divers illustrateurs. La dernière série fut éditée par les Editions du Lombard sous la direction de Georges Pernin. Des illustrateurs déjà connus comme Didier Desmit et Benoit Roels et des scénaristes célèbres comme A.P. Duchateau (Ric Hochet) et Jean-Louis Foncine furent mis à contribution, ainsi qu'un jeune débutant "pistonné" par Pierre Joubert et qui fait depuis une très brillante carrière dans ce média : Emmanuel Lepage (voir nos Entretiens au coin du Net) Malgré un succès reconnu, la série s'arrèta, suite au licenciement de son directeur, laissant un projet "Prince Eric" non réalisé.

SIGNE DE PISTE ET LA PHILATELIE :
Une
fois encore la qualité des illustrateurs de la collection et la
renommée de celle-ci entraina la création d'une série de timbres et vignettes dont
voici quelques exemplaires :
 
Déjà Pierre Joubert avait, en 1929, réalisé une vignette pour le jamboree de la même année.

SI JOUBERT M'ETAIT CONTE....
On a déjà beaucoup écrit sur Pierre Joubert, et je n'ai pas été le dernier à faire partie de ses admirateurs. Certains
journalistes, suivant l'air du temps et les ragots qu'ils colportaient,
ont écrit beaucoup de bêtises, sans fondements ni démonstrations, juste
guidés par la rumeur. Sans que jamais l'enthousiasme du public
innombrable qui a un jour rêvé sur ses héros de papier en ait été
affecté. Le culte dont il est toujours l'objet fait que les albums qui lui sont consacrés n'ont jamais été aussi nombreux, y compris
après sa mort dont nous fêtons aujourd'hui le dixième anniversaire.
Toujours bien vivant, Pierre Joubert ! Son
l'oeuvre est là, immense, variée, et résistant au temps. Grâce à un
talent et une maîtrise technique, à la plume ou au pinceau, qui
laissent pantois ses pairs dont beaucoup aimeraient comprendre son
habileté et son savoir-faire. Grâce à une fraîcheur et une innocence
dans la création, qui font que l'enfant, l'adolescent, l'adulte,
retrouvent leur propre enfance et leur jeunesse dans les personnages
qui
naissent sous son pinceau. Ce faisant, il touche chacun de nous au plus
profond de lui-même. Pour ces émotions et cette contemplation de la beauté, merci Pierre Joubert.
Alain Gout
Pierre Joubert à sa table de travail à Meudon, dans des attitudes que lui connaissaient bien ses proches.

Dix ans avant la création de la collection... Pierre Joubert avait 17 ans !

Quand il s'agissait de trouver l'inspiration pour une couverture, Robert Gaulier n'hésitait pas à emprunter les attitudes des illustrations de Pierre Joubert dont il avait un style très proche. Preuve de la fraternité qui régnait au sein des membres de l'équipe.

Et pour trouver ses modèles, Joubert, lui, n'hésitait pas à s'inspirer de photos d'amis ou de revues !

Pierre Joubert présente deux couvertures pour Grand Jeu de Jean Valbert, l'une pour le Nouveau Signe de Piste, l'autre pour l'édition parue chez Elor... La caricature peu flatteuse a été réalisée par un caricaturiste dont la signature est illisible.

Pierre Joubert était "tanné" (sic) par son éditeur favori, en 1984, pour
écrire ses mémoires. Il le dit dans cette lettre avec beaucoup de
simplicité, en même temps qu'il recherche une photo ancienne prise par Georges Ferney à Chamarande

N'oublions pas que cet artiste était aussi un grand paysagiste... voir ses Carnets de Route
et cette rue de Porto croquée lors d'un voyage organisé pour
rencontrer les scouts au Portugal à l'initiative d'Objectif Aventure et
de Yan Nielsen (auteur d'un roman publié au Nouveau Signe de Piste) est un exemple de la vie qu'il donnait à chacune de ses oeuvres.

Deux croquis réalisés en guise d'autographes :

Et ce symbole d'amitié à travers la flèche emblême du Signe de Piste

Enfin
pour mieux encore parler de l'homme nous ne résistons pas au plaisir de
communiquer ci-dessous les passages les plus significatifs de l'hommage
que lui a rendu Jean-Claude Amrhein (Yan Nielsen) au moment de sa disparition.
Extraits de :
Un homme lumineux
Notre
souffrance vient moins de son départ même (il l’envisageait avec
sérénité) que du grand vide qu’il laisse en nos âmes. Nous voici des
milliers d’orphelins. Il était immensément aimé. Je l’avais
rencontré pour une radio libre parisienne, dans les années 80. Cet
entretien, naissance de ce qu’il peut paraître orgueilleux, mais est
non moins vrai de nommer une amitié, me « vengeait » d’avoir publié un
Signe de Piste qu’il n’avait pu illustrer. … :…
Je le
revois sourire ou rire, le réentends chanter. Il aimait à évoquer, de
sa bonne voix paisible, et sans jamais se mettre le moins du monde en
avant, Bob Morane, les Ayacks, ses jeux de chef scout (inconcevables
aujourd’hui, avec ce matraquage sans fin de décrets). Il s’avouait
complètement dépassé par les symboles qu’il avait générés bien à son
insu, comme celui du foulard de sang. Le même homme – par ailleurs doté
d’une « mémoire d’éléphant », selon l’exacte formule de son épouse, et
n’oubliant jamais un dessin qu’il avait promis de réaliser, même au
coin d’une phrase – était capable de truculents mélanges. Il s’en
amusait. Ayant trouvé "Faon l’héroïque" en portugais, je le lui avais
adressé pour dédicace à notre représentant en ce pays. Il avait alors
cru à un de ces services de presse répétitifs, et s’était empressé
d’aller offrir cet exemplaire – pratiquement impossible à retrouver – à
un voisin portugais qu’il trouvait sympa parce qu’il lui avait montré
de la gentillesse. De même, quand il me prêtait… tout ce que je
voulais, il me laissait en toute confiance établir la liste. Il me pria
même une fois de m’installer à son bureau pour la dresser (je peux vous
dire que je garde précieusement la vue faite alors), tandis qu’il
opinait, sans vérifier vraiment, avec cette position qu’il aimait
adopter, les bras devant lui, les mains croisées, les pouces se
chevauchant. Je détiens une lettre de lui (qui fit éclater de rire le
responsable culturel de l’Ambassade de France à Lisbonne, lors d’une
autre opération locale), expliquant qu’il venait de « balancer » ladite
liste par erreur, et demandant un récapitulatif du prêt (sans prix !),
au motif qu’il aimait « quand même bien savoir ce qui se baladait dans
la nature »… Une autre fois, ce fut chez lui une véritable expédition,
à la recherche de ses originaux pour "L’île au trésor". Il avait
carrément un trou ! Prêtant ses dessins de droite et de gauche – quand
bien même il rouspétait pour la forme – et voyant toujours
l’organisateur d’un salon demandeur déferler sur son havre de Meudon,
il ne savait absolument plus, ce jour-là, où étaient passées ses
planches, ni même s’il les avait prêtées. Ma parole que ce n’était pas
à moi lui suffit. Il m’a alors demandé de regarder sous les lits de ses
différents étages (les lits, car les placards n’y suffisaient plus).
Parfois nous passions devant une armoire où il avait peint un château,
devant telle planche réalisée pour la famille ou une association de
consommateurs, devant quelque statuette ou lutrin façonné de ses mains,
devant une tapisserie encore. Et, quand je pilais net, subjugué par
l’œuvre inconnue, il semblait s’en étonner. Mais il aimait ensuite me
parler de « ce truc-là », en une évocation précieuse, où dansaient des
noms, des lieux, le tout servi par un timbre légèrement chantant. Quand
les souvenirs se faisaient prier, il passait la main sur son crâne
chauve, appuyait ses deux paupières l’une contre l’autre. Cet effort et
cette friction ressuscitaient le détail recherché. …/… S’il
appréciait la solennité de bon aloi, il n’aimait rien de ce qui était
emphatique, guindé. Je le revois, au même salon, remballant résolument
ses originaux du "Livre de la Jungle", et pressé de gagner la voiture. Il
allait, ronchonnait-t-il, falloir dire au-revoir à Monsieur le Maire,
se fendre de paroles convenues avec l’entourage d’icelui… Ce fut alors
qu’éclata une salve immense ! Tous les dessinateurs (d’ailleurs de
tempérament et d’inspiration très contrastés) s’étaient en son honneur
levés de leur place, bien que leur repas ne fût pas terminé. La salle
retentissait de vivats particulièrement sonores, dont le destinataire
ne faisait aucun doute. C’était beau, tous ces artistes acclamant leur
aîné ! Et le même, plutôt mordant l’instant d’avant, laissa voir un
léger écartement des joues, accompagné d’un plissement des yeux devenus
brillants, où se lisait un véritable et silencieux bonheur. Sa façon
de ne pas « la ramener » – il aimait cette expression – était parfois
sidérante. Après que nous eussions visité, sur la rive faisant face à
Porto, les caves du célèbre vin Sandeman, et largement revenus dans la
rue, il me confia à peu près : " Tiens oui, c’est vrai, maintenant que
j’y pense, c’est eux qui m’avaient passé commande pour une publicité".
…/…
«
Joubert a transfiguré le scoutisme ». L’abbé Pierre, Chevalier de
France (ce grade majeur du scoutisme d’antan), auprès duquel notre
association avait obtenu une journée rencontre parce que Joubert nous
parlait de lui, et que les faiseurs de rêve ont bien le droit qu’on
exauce parfois les leurs, avait lui aussi parlé de cette illumination,
visiblement impressionné. De toutes parts affluent les témoignages.
Fred Mella, ancien soliste des Compagnons de la Chanson, nous a écrit
que Joubert avait été son « marchand de bonheur », reprenant le titre
d’une chanson phare de son groupe. Le commissaire régional qui avait
reçu l’illustrateur au Portugal, à présent chef national avec cet effet
que Joubert est publié dans la principale revue scoute du pays, prévoit
un hommage lors du grand camp national qui se tiendra cet été près
d’une grande île. Antonio, son proche, écrit : « le monde est
maintenant plus pauvre ». Bernard Chauvière, notre délégué auprès des
Scouts d’Europe, souhaite que Pierre, « invisible certes mais présent,
nous reçoive dans sa troupe scoute quand nous le rejoindrons ». Le
scoutisme transfiguré par Pierre Joubert, mais aussi l’inverse. Car
voilà que, selon la belle formule de Saint-Exupéry, il s’est « échangé
». Contre son œuvre. Alors prennent tout leur sens les mots de Péguy,
choisis par la famille, selon lesquels la mort n’est que « la pièce à
côté » et, en définitive, « n’est rien ». Voilà à quoi je songe,
Pierre, dans un soir un peu froid, alors que prennent leur envol, puis
balaient le ciel des mouettes toute blanches, au moment de quitter
cette île de Ré que tu avais choisie pour sa tranquillité et sa
luminosité. Elle reste à jamais pour moi jointe à ta voix et à ta
bonté. Il ne faut pas trahir ton refus de l’emphase. Mais n’ayons
pas peur des mots, quand ils disent vrai. Bravo et merci d’avoir été –
d’être – le plus grand illustrateur du vingtième siècle !
J.C. AMRHEIN
ROBERT, IGOR, MICHEL, CYRIL et les autres
Signe de Piste permit a toute une génération d'illustrateurs de faire ses premières armes auprès de l'illustrateur vedette trop souvent
sollicité. Certains (comme les frères Arnstam Igor et Cyril et Michel Gourlier ou Pierre Forget) y laissèrent des traces indélébiles, d'autres plus éphémères ne firent qu'illustrer un ou deux romans. Certains encore comme Patrice Pellerin ont atteint la renommée dans la Bande Dessinée (L'Epervier) de même que René Follet et Mitacq.

Cyril, dont le trait se caractérisait par un humour constant a croqué quelques auteurs illustres

Ce fut lui qui annonça le lancement de La Fusée Signe de Piste :

Digne élève de Pierre Joubert, et illustrateur d'un seul roman de la collection, Michel Tacq, récemment disparu, se fit connaître avec sa BD " La Patrouille des Castors" qui rencontre encore un grand succès auprès des jeunes et des collectionneurs. Ami de Joubert, Michel Tacq (Mitacq) lui fit la surprise de "croquer" l'un de ses enfants (Michel) pour figurer au sein des patrouillards.

Nous n'oublierons pas les photographes qui oeuvrèrent pour la collection, tout d'abord pour des récits (Georges Ferney pour "Le Merveilleux Royaume" de Pierre Labat) puis pour les numéros de La Fusée (Robert Manson, Jos Le Doaré également photographes pour Scout) et enfin pour donner un aspect plus réalistes aux romans (Alain Gout)
Ci-dessous un conte photographique d'Alain Gout pour La Fusée (le dessinateur qui assurait les liaisons de ce numéro était Jean-Christophe Defline)

LES SCOUTS ET SIGNE DE PISTE :
Créée, au départ par d’anciens Scouts et profitant du développement de ce mouvement, la collection Signe de Piste est indissociable du Scoutisme, même si, depuis, les romans s’adressent toujours à une clientèle jeune mais élargie. Aujourd'hui, Delahaye alterne les romans « scouts » avec les romans traitant de sujets plus généraux et actuels. Quoi qu’il en soit, dès la création de la collection, Alsatia s’est adressé aux jeunes scouts par l'intermédiare de sa publicité :

Après
la guerre, à l’occasion du Jamboree de la Paix à Moisson
en 1947, qui rencontra un succès mondial, les illustrateurs de Signe de Piste furent mis à contribution pour créer les cartes postales que s’arrachaient les participants.

Profitant de l’occasion Signe de Piste assura sa publicité sur le journal édité au sein du Jamboree.

Jean-Louis Foncine, devenu Rédacteur en chef de SCOUT, la revue officielle du mouvement, alors que Pierre Joubert en était l’illustrateur principal, fit une place de choix aux romans de la collection Signe de Piste dont certains avaient déjà fait sa couverture et avaient été diffusés en feuilletons avant guerre.
Ci-dessous «Le Relais de la Chance au Roy » en 1939

De nombreux articles et nouvelles furent publiés dans Scout et signés par des auteurs de la collection Signe de Piste.

Nous
devons à la collaboration des deux complices et amis d’enfance (déjà du
temps de leurs troupes respectives) des pages d’humour qui firent
la joie des lecteurs.

 
Enfin, même après le départ de Jean-Louis Foncine, il demeurait ce lien entre les Scouts et la collection par l’intermédiaire de son illustrateur vedette, Pierre Joubert,
dont on admet volontiers qu’il a aussi bouleversé et modernisé une
certaine vision du Scout, et pas seulement sur le plan esthétique !

Paul Coze qui offrit sa chance à Joubert, croqué par celui-ci.

LES SOUTIENS DE LA COLLECTION :
Il y a de nombreuses associations qui soutiennent ou ont soutenu la collection Signe de Piste, ainsi que des actions privées réalisées
par des collectionneurs et fans de la collection, nous en connaissons
quelques uns et nous essayons de faire le lien sur notre site avec eux. Mais nous n'en citerons que trois dans cet article par manque de documentation et de place.

La première et la principale est l'Association des Amis du Signe de Piste
créée par l'équipe dirigeante de la collection pour maintenir le lien
avec ses lecteurs et permettre aux auteurs d'entretenir des contacts
avec leurs lecteurs. Ci-dessus le n°1 des bulletins de liaison de
l'association qui fut suivi de beaucoup d'autres tous plus passionnants
les uns que les autres et annonçant les nouveautés aux adhérents en
avant première. L'association est toujours active mais les temps et
les hommes ont changé. Ils durent pendant la période où Signe de Piste
était devenu fantomatique assurer la pérennité de l'image de la
collection. Ce qu'ils firent avec beaucoup de bonne volonté,
organisant des séances de signatures et des expositions rencontrant un
certain succès. Il est regrettable qu'entre l'éditeur actuel de Signe de Piste et
l'association créée pour soutenir envers et contre tout la Collection, se soit instauré peu à peu une incompréhension
qui a amené cette association a ignorer les efforts importants fait par les Editions Delahaye pour donner un nouvel essor à Signe de Piste. Espèrons
que l'esprit scout qui anime la Collection permette de réunir un jour
tous les protagonistes agissant pour le seul bien de
la collection Signe de Piste et de ses lecteurs. Peut-être est-ce un voeu pieux, mais rien n'interdit d'avoir de l'espoir à
ce sujet, l'objectif étant le même pour tous. Et de croire
un peu à un sursaut de fraternité des "enfants de l'espérance".
Objectif Aventure : http://objectifaventure.over-blog.fr/ Créée
en 1991 par Yan Nielsen (auteur de Un château en Espagne dans la
collection Signe de Piste) cette association s'est donnée pour but de
réaliser divers reportages culturels dans les régions francophiles.
Elle a organisé des expositions articulées sur la jeunesse et Pierre
Joubert (qui fut un de leurs supporters avec Jean-Louis Foncine) et
elle propose des bulletins dans lesquels on peut découvrir des rencontres avec des
personnalités choisies pour leur défense de la langue française et
rattachées au monde du scoutisme (artistes, écrivains, journalistes...)
L'association demeure très attachée aux grands auteurs de la collection Signe
de Piste. Deux publications annuelles sont livrées aux adhérents : "Hardi les gars-L'étoile" et "La lettre". NB: Pour toute information sur cette association, contacter Yan Nielsen au 07 78 82 25 86 car il n'est pas possible d'adresser d'emails via le blog.
Initialement
créée en forum en 2004, cette association animée par des
supporters de Signe de Piste et de Pierre Joubert, a très vite ouvert ce site pour y communiquer avec les amateurs de littérature
d'aventure pour la jeunesse (romans, BD, films...). Très rapidement deux sujets principaux ont pris le dessus sur les autres et si nous
continuons d'aborder la BD par passion et de façon très sélective,
80% de notre activité est tournée vers Signe de Piste, passé, présent
et avenir ! C'est aussi la raison qui nous fait appuyer l'action de l'éditeur de la collection. Si
le site rencontre un beau succès, le blog qui y est adjoint pour
communiquer des informations "sur le vif" demande à être étoffé. Quant
au Forum, il s'anime en fonction des sujets traités et des
participants plus ou moins disponibles et plus ou moins concernés.
En conclusion : Lorsque nous avons décidé de rendre cet hommage à la
collection Signe de Piste à l’occasion de son 75ème anniversaire, nous
n’imaginions pas lui donner une telle importance et présenter autant de
documents, mais l’histoire de la
collection est si riche, si variée que nous avons voulu faire un rappel
exhaustif des multiples activités et dérivés de Signe de Piste Le coffre aux souvenirs se referme, mais d’autres documents
inédits sont encore à présenter aux amis de la collection. Jamais, en effet,
une oeuvre littéraire pour la jeunesse n’aura généré, au fil de ses 75 ans d’existence, autant
d’évènements, d’auteurs et d’illustrateurs de grand talent voire prestigieux. La nouvelle vague est à la relève et nous ne pouvons que
leur souhaiter d’écrire une histoire aussi dense, aussi fournie que celle
laissée par leurs aînés. Je tiens tout particulièrement à remercier pour leur amitié, leur aide
et leur participation très active, ainsi que pour les documents qu’ils ont mis
à notre disposition : Alain Gout et Christian
Floquet, ce dernier ayant réalisé la présentation originale des documents qui
illustrent cet hommage, ainsi que Jean-Claude Amrhein et Olivier Schieber . En attendant, peut-être, de fêter son centenaire :
« Bon anniversaire Signe de
Piste ! »
Michel Bonvalet (Mic) 
LIVRE D'OR : Si cet article vous a plu... N'hésitez pas à nous le faire savoir en écrivant un court commentaire sur notre Blog jeuxdepiste (cliquez sur ce lien)
Nous serons heureux de connaître votre avis !
©2012 Michel Bonvalet
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