fiche lecture


Le Dieu du Nil
Jean-François Pays 


Michel Bonvalet

Ce roman paru en 1976 avant «  Hier la Liberté » est un exemple pour ceux qui, comme moi, furent passagèrement intéressés par l’histoire de l’Egypte antique en classe de 6ème.

De cette période  pourtant glorieuse ne me sont restés que quelques souvenirs de conquêtes et de faste enrichis plus tard  par la lecture de la bd Blake et Mortimer (Le Mystère de la Grande Pyramide) et, hors les feuilletons télé, les quelques rares expositions sur l’Egypte ancienne auxquelles je me suis rendu par curiosité.

Mais le roman de Jean-François Pays m’a conquis (est-ce d’ailleurs un roman ou un récit extrêmement bien documenté ?) en me transportant par la narration et la pensée dans ce pays majestueux à la période pourtant tragique  où la grandeur des Pharaons primait sur le bonheur d’un peuple souvent réduit à l’esclavage.

Le roman nous conte l’accession au trône et le règne d’un Pharaon de 9 ans qui dura pendant 9 autres courtes années : Toutankhamon (au départ Toutenkhaton) succédant à son frère ainé Akhenaton à l’issue d’une guerre sournoise et fratricide entre prêtres d’Amon et adorateurs d’Aton, le Dieu soleil, considéré comme seul religion autorisée par le Pharaon.

Guerre de religion et d’influence sur les élites du royaume. Ainsi le jeune Pharaon changera-t-il son nom initial pour y adjoindre le nom du Dieu dont il rétablit la religion avec l’accord de ses conseillers les plus proches.

Il prouvera sa détermination en refusant la régence de Néfertiti (épouse du défunt Akhenaton) et règnera en maître bien que sous l’influence de ses deux principaux conseillers : Le divin Père Aÿ et le général Horemheb qui devaient lui succéder à sa mort (le dernier régna 30 ans).

Parallèlement et jusqu’à ce que les héros se rencontrent et deviennent amis en dépit de leur différence d’origine, l’auteur nous raconte la vie d’un jeune orphelin du peuple Sélenké, contraint de travailler pour aider sa famille adoptive. Ces derniers œuvrent dans la construction et se transforment peu à peu en pilleurs de tombes. Bien entendu la vie quotidienne de ces familles est contée avec force détails réalistes au travers des aventures de Sélenké et du petit fennec (renard des sables) à qui il a sauvé la vie et qui est devenu son compagnon.

L’histoire est belle, simple et s’étale sur les 9 ans du règne de Toutankhamon, elle nous fait découvrir la vie d’il y a 33 siècles.

Nous sommes transportés dans cette Egypte aux marchés grouillant de monde et d’artisans sous un soleil de plomb, avec des étals de fruits et  d’épices odorants au milieu desquels nous suivons le jeune Sélenké à la recherche de nourriture.

A la cour de Thèbes, nous assistons aux dissensions des conseillers dans leur guerre d’influence, les jalousies, les petitesses mais aussi et surtout le rêve de grandeur apporté par les richesses démesurées en provenance des contrées conquises. Ces richesses servant à la construction de monuments fabuleux à la gloire des Dieux et des Pharaons eux-mêmes : les Pyramides et les temples aux proportions démesurées, où nous découvrons encore des trésors inconnus.

C’est un documentaire précieux qui nous fait découvrir l’histoire au travers de la fraicheur des deux héros qui se sont rencontrés grâce à Soussou le fennec qui s’était sauvé au passage de Pharaon.

Les années passent et  l’amitié continue bien que lorsque le destin du jeune Toutankhamon basculera, sa disparition entrainera Sélenké vers une vie aventureuse.

Si j’ai aimé ce livre, par contre les illustrations de Michel Gourlier ne m’ont pas convaincu, ayant attaché plus d’importance à la représentation des corps d’éphèbes qu’aux décors pourtant si importants de l’époque.

C’est un roman passionnant qui m’a donné envie de connaître un peu mieux l’histoire de cette antiquité à qui nous devons notre vie moderne.

Jean-François Pays a réussi à me faire rêver. Une fois de plus !

Le Dieu du Nil
Jean-François Pays
illustrations de Michel Gourlier
Le Nouveau Signe de Piste 1976
Epi sa, éditeurs 




©2013 Michel Bonvalet