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fiche lecture
Le garçon et le lézard cycle "le pigeonnier dans la clairière jaune" Vladislav Krapivine
Michel Bonvalet
Voici le dernier volet de la trilogie « Le Pigeonnier dans la clairière jaune » Celui
qui dévoile le dénouement des aventures de Yar, Iouri,, Edouard, du
robot Jeannot et de ses amis. Ce petit robot qui apporte l’humour et la
fantaisie indispensable pour traiter d’un sujet aussi grave que la
révolution.
Pour
mémoire : Iar Rodine cosmonaute russe avait été enlevé par un groupe
d’enfants en révolte (sur leur planète qui ressemble étrangement à la
terre, mais à une autre époque) contre les envahisseurs, ces
intelligences supérieures venues d’une autre galaxie qui font régner
l’ordre et l’esclavage. Ils empruntent les formes humaines les plus
curieuses et s’introduisent ainsi dans les mannequins, les
statues, les clowns fait de bric et de broc, ils se font appeler
« ceux qui ordonnent ». Iar
abandonne définitivement son vaisseau pour participer à la résistance,
conscient que c’est la galaxie toute entière qui est en danger. Dans
le même temps, sur terre, 3 ados et Jeannot, le robot facétieux doué
d’une intelligence supérieure, cherchent à retrouver Iouri qui lui-même
a perdu son père dans l’espace temps. Avec
Edouard, le journaliste révolutionnaire, les deux équipes vont se
retrouver et unir leurs forces pour vaincre Le Maitre et ses sbires.
Des
enfants en révolte contre l’autorité de « ceux qui
ordonnent », d’autres enfants victimes ou vivants devenus des
Ventelets qui tourbillonnent et peuvent à volonté redevenir humains
l’espace de quelques instants, un curieux robot fait d’une caisse, de
membres en fil de fer et doué de la vie éternelle grâce à l’étincelle
vivante qui l’anime, un cosmonaute venu de la terre, un journaliste
égaré de son plein gré dans le temps et chef de la résistance, des
envahisseurs habitant des corps de mannequins ou de statues pour
asservir et diviser le peuple de cette planète…Tel est l’univers que
nous décrit Vladislav Krapivine. Un univers qui pourrait être celui d’Alice au pays des merveilles adapté au monde actuel et futur. Mais
le sujet est plus grave, le temps n’existe plus…le rêve pourrait
tourner au cauchemar si le talent du conteur ne nous passionnait pour
ces enfants, ces Ayacks d’un temps futur, désireux de recouvrer leur
liberté et celle de leurs parents.
Fidèle
à sa ligne de conduite, et toujours en évoquant un monde imaginaire et
onirique en proie à la révolte contre l’autorité déclarée, Krapivine
nous délivre un message et nous met en garde contre toute forme de
dictature , fut-elle morale, au nom d’une politique, d’une
philosophie voire d’une religion et de toute forme d’intégrisme
générant l’esclavage du peuple au profit d’un petit nombre qui détient
le savoir et, par là, le pouvoir.
Il
met en garde contre l’accablement de ceux, qui accueillant les nouveaux
maîtres, se soumettent et acceptent leur domination croyant trouver la
solution à toutes leurs craintes et aux problèmes quotidiens que pose
la liberté, dont entre autres la sécurité. N’y retrouve-t-on pas là une
allégorie de la montée du nazisme dans les années de l’avant guerre,
succédant au chaos et à la ruine, pour entraîner les pays d'Europe dans
un chaos encore plus dramatique.
C’est
ce que j’aime tout particulièrement chez cet auteur qui, par
l’intermédiaire des enfants ou des ados, les héros de ses récits, fait
passer un message mettant en garde contre les dictatures . J’ai
lu dans une de ses critiques russe qu’on disait de lui qu’il était un
des trop rares auteurs à toucher aussi bien les enfants que les
adultes, que ce soit par ses histoires proches du fantastique
(héroïc-fantaisy) que par la morale qui en découle.
Par
ailleurs son style, et celui, fidèle, de ses traducteurs, est clair,
facile à déchiffrer, grave souvent mais jamais départi de cette poésie
présente dans toute son œuvre mêlant onirisme, science fiction, et
bonne humeur.
A
l’instar du jeune enfant jouant avec le lézard qu’il a pu apprivoiser,
le lecteur se laissera très vite entraîner par ce récit en retrouvant
le gout de jouer à déceler quelques similitudes entre l’imaginaire et
la vie contemporaine. Une sorte de grand jeu dont la liberté
d’être et de penser est l‘unique objectif.
Soulignons au passage les très belles illustrations de E.Sterligova qui ajoutent une ambiance fantastique au texte.
« Le Garçon et le Lézard » est une œuvre magnifique qui prouve que Vladislav Krapivine est l’un des maîtres incontestés de la littérature pour jeunes.
Le garçon et le lézard Vladislav Krapivine illustrations de E.Sterligova Traduit du russe par François Doillon et Tatiana Palma
Editions Delahaye 2011
Ce roman est le troisième de la trilogie "Le Pigeonnier dans la clairière jaune": Le pigeonnier de Villenoix L'Etincelle vivante Le garçon et le lézard
Qui ont tous fait l'objet d'une fiche lecture sur ce site.
©2011 Michel Bonvalet
En vente : Carnet de bord |
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