Vladislav
KRAPIVINE
Il m'est toujours très agréable
de parler d'un roman de Krapivine tant cet auteur est différent
de tout ce qu'on peut lire en matière de littérature d'aventures
jeunesse.
Pour en apprécier vraiment la saveur, il faut faire abstraction de
toute idée de réalisme comme de science fiction telle qu'on
imagine les actions se déroulant dans un monde futur fait de techniques
nouvelles, d'architectures futuristes et d'habitations régies par une
robotique perfectionnée à l'extrême.
Pas de super héros non plus et encore moins de mutants, de sorciers
ou de situations extraordinaires.
Les histoires racontées par Vladislav Krapivine sont des histoires
simples, presque quotidiennes mais qui se déroulent dans le futur,
le troisième siècle de l'ère cosmique pour la trilogie
du Pigeonnier dans la clairière, avec des gens ordinaires, des
enfants qui ressemblent aux Ayacks comme des gouttes d'eau.
Ils ont à leur disposition d'autres moyens, ceux de leur époque,
mais ce ne sont pas ceux-ci qui prédominent dans le déroulement
des récits.
Certes, il y a un robot farfelu et très évolué, mais
il est lui même techniquement déjà dépassé.
Il pense, il fait état de sentiments et rêve de se créer
un petit frère pour se donner la réplique. Il y
a aussi les Bredouillots dont il est fait état dans l'épisode
précédent "Le Pigeonnier de Villenoix" et autres créatures
du type bourdons ou Clowns qui émanent des Mannequins, extra
terrestres dangereux souhaitant faire la conquête de notre monde.
Mais avant tout , l'auteur nous conte l'aventure humaine de jeunes garçons
désireux de sauver leur Univers et la simplicité de leur mode
de vie.
On est loin de la science-fiction, plutôt dans le domaine du pur imaginaire
où Krapivine prend un plaisir évident à nous promener
tout en nous laissant deviner entre les lignes sa vision du monde actuel
et des dangers de l'évolution de l'humanité.
Et puis il y a ces déchirures spatio-temporelles qui permettent de
passer d'une époque à une autre (déjà décrites
dans le Pigeonnier puiqu'elles ont permis d'enlever Iaroslav Rodine)
Il faut lire Krapivine comme on lit Foncine dont il a parfois
les accents et ce style clair et aisé qui est le propre des grands
conteurs.
Soulignons encore une fois le travail des traducteurs qui ont su conserver
ce style en le françisant et rendre le texte très "Signe de
Piste", c'est à dire à la portée de qui veut se donner
le mal de pénétrer le monde onirique de l'auteur.
L'étincelle vivante nous fait vivre les aventures
de Helki (Hélios) élevé par une grand mère sévère
et une tante autoritaire en l'absence de ses parents qui travaillent à
l'étranger, de Youri, petit dur au coeur tendre, de Yannick musicien
et petit fils de musicien dont l'archet magique peut obtenir des sons harmonieux
de n'importe quel objet, d'Attila, un robot échappé de l'exposition
technique scolaire et d'Edouard, un journaliste arrivé dans le wagon
qui leur sert de cabane par une déchirure du temps.
Une petite bande sympathique qui s'est mis en tête de créer
un robot enfant en appliquant les recettes d'Attila, pour tenir compagnie
à celui-ci.
Ils vont ainsi créer une étincelle vivante qui n'est rien
moins que la réplique de notre galaxie.
A l'infiniment grand répond l'infiniment petit...
Mais en jouant les créateurs, ils vont attirer la convoitise des
clowns, ennemis dangereux venus d'une autre planète....
Qui sauvera l'étincelle vivante ?
Les personnages sont hauts en couleurs, comme seul Krapivine, ce
poête sait en créer.
Le troisième tome à venir coordonnera sans doute les aventures
de la petite troupe et du Scadériste héros du Pigeonnier
?