|
Ces deux courts mais émouvants reportages se
devaient de figurer sur notre site. L'auteur a mis ses pas dans ceux des
auteurs de Signe de Piste comme un véritable pélerinage au
Pays perdu, avant de rendre un ultime hommage à l'un des
plus prestigieux romanciers de la collection.
EN VISITE
AU PAYS PERDU
De Malans à Champotte
par Francis Maire
De Malans
à Champotte, la route n'est pas longue, on y est même très
vite.
Après
avoir contourné la forêt de la Serre par le nord-est, à
l'entrée du Val Saint Jean, on est en vue du village de Thervay.
Là il faut prendre tout de suite à droite, une petite route
qui nous mène au hameau de Balançon, derrière lequel
s'abritent les ruines du château du même nom. Imaginez un vieux
pan de mur, percé de quelques fenêtres, complètement
envahi de broussailles : c'est là le château de la folie, relié
directement par un souterrain au Relais de la Chance au Roy. Inutile de s'attarder,
rien à voir, tout à imaginer. La rivière n'est jamais
très loin dans ce voyage. C'est l'Ognon, qui coule en nombreux lacets
en contrebas, derrière un petit bois de peupliers.
Nous la suivons.
Elle nous conduit tout droit à l'abbaye d'Acey, où le frère
portier-libraire de service nous reçoit.
J'explique
le but touristique et "pélérinesque" de notre présence
en ce Pays Perdu. Oui il connaît bien les auteurs de ces livres, que
j'aime tant, ces messieurs viennent régulièrement à
l'abbaye d'ailleurs…
Suite. Prendre
à droite en quittant l'abbaye, traverser l'Ognon sur un petit pont,
puis un village, et tourner à gauche à l'orée du bois.
La route serpente quelque temps entre haies, prés et bosquets touffus,
puis débouche sur les hauteurs de Champotte. Nous arrivons par la
Rue Haute.
Tout de suite
je reconnais, et pourtant je n'y suis jamais venu, et les dessins de Pierre
Joubert ne sont pas assez précis : le grand illustrateur a peint
plus les Galapiat(e)s que les paysages.
Pendant que
les petits goûtent devant l'église, j'admire l'architecture
bourguignonne et les façades envahies de vigne vierge. Mais, cette
maison, on dirait… Vite, je sors ma BD de l'histoire : pas de doute, le dessin
est fidèle, on est bien à Champotte ! Et si le panneau indicateur
à l'entrée du village mentionne un autre nom, c'est qu'il
se trompe.
On fait le
tour du village, on admire, on va même voir le château, le vrai,
pas celui de Mik, entouré de hauts murs. On va voir la rivière,
la baignade, tout quoi.
Et voilà.
Le soleil d'automne descend sur les bois. Ils nous reste à regagner
notre gîte en foret de Chaux, retraverser la route de Poste, dire
au revoir à la croix Boyon… Mais nous ne repartirons pas sans avoir
visité Pesmes, ses ruelles serpentines dévalant les hauteurs
fortifiées ; pas sans avoir admiré la vue splendide sur la
rivière (encore ! ben oui.), visité l'église, la petite
chapelle de marbre rose. Le manque de lumière ne m'a pas permis de
lire l'inscription sur la pierre, aussi je ne saurai toujours pas s'il est
gravé "Ultima necat" ou "Ultima secat" ; c'est à y perdre
son latin (normal, en Pays perdu…).
NB : avis
aux amateurs, à l'orée de la forêt de la Serre, à
la hauteur de la grotte de l'Ermitage, il y a un vignoble, Offlange ; et
le vin d'Offlange, y coule tout seul.
*
Recueillements
Par Francis Maire
Le petit cimetière de Malans est situé en contrebas de l'église,
coté rivière. On y entre par une vieille grille toute rouillée,
qui grince en ce dimanche soir. Quelques rangées de tombes, certaines
très anciennes. Inutile de chercher, il suffit de descendre de quelques
pas, et, sur la gauche, on aperçoit en début de rangée
une tombe toute simple sur laquelle on peut lire cette inscription :
Yves de Verdilhac - Serges Dalens - 1910 1998.
Ainsi j'étais devant cet homme à qui nous devons tant de joies,
de chaleur à travers l'amitié des ses héros, le créateur
d'Eric, de Christian, un des fondateurs de cette terrible collection…
Quelle émotion ! J'avais l'impression de rentrer dans un autre monde,
celui des livres que j'aime tant, celui de ces valeurs décrites, de
cette grandeur d'âme que l'on rencontre presque à chaque page.
Quand je suis ressorti du petit cimetière de Malans, je n'étais
plus le même. Il me semble que j'avais reçu un peu de ce mystère
qui nous vient d'Eric, de tous ces livres, de tout ce qui fait vivre leurs
auteurs, leurs lecteurs, leurs fans.
©2004 Francis Maire
|
|
|
|